La Papouasie-Nouvelle-Guinée a demandé à la Chine de refinancer l’intégralité de sa dette publique, de l’ordre de sept milliards d’euros. Cette requête est susceptible de provoquer la colère de l’Australie et des États-Unis qui tentent de contrer l’expansionnisme chinois dans le Pacifique.
Moins de deux semaines après avoir réalisé en Australie sa première visite officielle à l’étranger depuis son arrivée à la tête du gouvernement papouasien, James Marape a annoncé, mardi 6 août, à l’occasion d’une réunion à Port Moresby avec l’ambassadeur de Chine, qu’il avait demandé à Pékin son aide pour le refinancement de la dette publique de son pays d’élevant à 27 milliards de kinas (7,1 milliards d’euros). M. Marape « a dit qu’une lettre officielle serait adressée à l’ambassadeur pour qu’il la transmette à Pékin », a indiqué dans un communiqué le cabinet du Premier ministre. Par ailleurs, poursuit ce cabinet, « il a suggéré que la Banque de Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Banque de la République populaire de Chine prennent les choses en main avec le département du Trésor pour lancer les consultations. »
Combattre la corruption
Depuis sa nomination, M. Marape s’est engagé à combattre la corruption et à réévaluer les relations de son pays avec les capitales étrangères et avec les multinationales engagées dans l’exploitation des importantes ressources minières du pays. Le communiqué précise que le Premier ministre a exhorté Pékin à conclure un accord de libre-échange avec les États du Pacifique et encouragé la Chine à doper ses investissements en Papouasie dans les secteurs de l’exploitation forestière, de la pêche et des ressources minières.
De son côté, l’ambassadeur de Chine, Xue Bing, a fait part de ses préoccupations quant au fait que la prochaine réunion du Forum des îles du Pacifique (FIP) se tienne aux Tuvalu, un petit archipel qui continue d’avoir des relations diplomatiques avec Taïwan, et non avec Pékin. Jonathan Pryke, expert des questions relatives au Pacifique au sein de l’Institut Lowy, a estimé auprès de l’AFP que cette requête, juste après que l’Australie eut déroulé le tapis rouge pour M. Marape, était de nature à susciter l’ire de Canberra et Washington. « Si la Chine restructurait l’ensemble de la dette de la Papouasie, elle deviendrait le plus gros bailleur individuel de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce qui lui donnerait une très grande influence sur le pays », a-t-il dit. « Rien ne nous dit que la Chine voudra le faire, mais le cas échéant, je m’attends à ce qu’elle demande d’importantes concessions. »
La Chine ne cesse de renforcer sa présence
Les autorités chinoises ne cessent de renforcer leur présence dans la zone à coups de prêts et de financement d’infrastructures, ce qui a poussé Canberra et Washington à lancer leur propre offensive de charme pour ne pas perdre leurs alliés insulaires traditionnels.
Avec AFP et RFI