Ce n’est dans l’intérêt et l’honneur de personne de faire de la Guinée une terre de paix et d’amour impossibles, comme c’est le vœu, hélas, de certains Guinéens qui semblent hantés par les démons de la haine facile et des divisions inutiles.
Comme si toutes ces années perdues à se haïr et se rejeter ne suffisaient pas à raviver en chacun l’esprit de sagesse et de retenue. Le « Guinéen nouveau » promis à tous, « une autre Guinée » à laquelle tous disent travailler dans leur profession de foi messianique, pour devenir une réalité devront peut-être attendre d’autres générations qui, elles, seraient libérées des chaînes de rancœurs et de blessures (psychologiques ou non) les plus atroces accumulées tout au long d’une histoire tumultueuse.
Qui peut prétendre à l’innocence, ou se prévaloir de n’avoir jamais pêché, durant toutes ces années pendant lesquelles le pays a subi les effets directs ou collatéraux de nos faiblesses individuelles et collectives ?
Qui n’a pas été acteur ou témoin de cette histoire ou ne s’est pas baigné dans toutes ces époques troubles ?
Qui n’a pas eu un proche, un ami ou un allié « indexé » dans le procès permanent des élites ou dans les caricatures de notre peuple ?
Chacun est enclin à croire que » l’enfer, ce sont les autres », avant de se raviser devant les échecs et le dépit personnel d’être, à son tour, mal jugé et incompris dans les opinions exprimées et les convictions défendues et assumées.
Et pourtant, il n’y a guère de fatalité dans la crise de confiance et les conflits persistants entre les Guinéens, si proches par le brassage des communautés, trop éloignés à cause de toutes les diversités de leur histoire politique mouvementée et des pesanteurs sociales chroniques.
Tous, on ne le sait que trop pour ne pas être capable d’un sursaut.
Pourquoi donc chercher les solutions ailleurs par les autres, alors qu’ici même il suffit d’un peu de bonne foi et de patriotisme pour dépasser les difficultés d’aujourd’hui, et bâtir un avenir commun plus prometteur dans un monde où chacun balaierait devant sa porte ?
Ce n’est pas dans les propos belliqueux et provocateurs de « procureurs » improvisés, ni dans les comportements déviants d’anarchistes imprudents, encore moins à travers le désordre et la violence qu’on voudrait semer que le pays trouvera la force de se réinventer, la sagesse de se rassembler pour faire face aux défis et les bouleversements d’une époque folle.
Quand on le comprendra tous dans l’empathie qui nous fait tant défaut depuis toujours, on s’en sortira, chacun et tous dans la franchise de l’unité retrouvée et avec l’énergie de la solidarité (re)conquise ensemble.
Comme la haine nous affaiblira, l’Amour nous rendra fort et nous fera revivre !
Tibou Kamara