Partant d’un postulat basé sur nos réalités, si le voisin, la boutique du quartier ou la banque refuse ou exige beaucoup de garanties sur vos demandes de prêt d’argent, cela mérite des interrogations sur votre crédibilité et votre capacité à vous projeter dans le futur.
En effet, contrairement à certaines croyances dans nos sociétés, l’endettement doit être perçu sous un angle positif; il symbolise une façon de croire en l’avenir. Être solvable démontre avant tout une capacité à s’organiser et se projeter à travers une vision et des initiatives porteuses.
Cela veut dire donc que l’incapacité de s’endetter illustre un problème qui mérite d’être résolu au niveau de soi-même d’abord. Elle pose des questions essentielles du genre : “Quelle crédibilité avant nous pour contracter et rembourser une dette ? Quel type de dette pour quel usage ?”.
Au-delà des individus que nous sommes, pour un État, une entreprise ou une coopérative, revendiquer une situation de “zéro dette », n’est ni pertinent ni ambitieux. Cela se démontre par le fait que l’endettement est un cycle permanent, et le poids financier s’évalue en grande partie par le potentiel de souscription aux ressources.
Par contre, de nos jours, l’autarcie crée des limites à la réflexion et aux ambitions dès lors qu’elle signifie la peur du risque raisonnable, le refus de bâtir des partenariats exogènes et la réduction minimaliste des ambitions. Ce sont trois obstacles au développement tant sur le plan personnel qu’institutionnel.
L’endettement faisant partie de l’essence de toute société progressiste, il faut qu’il soit pédagogiquement expliqué et intelligemment encadré pour bénéficier à la fois aux acteurs du développement et à l’ensemble des populations.
Aliou BAH
Président du parti MODEL