Arrêtés dans la soirée du vendredi 6 mars dernier par des hommes encagoulés, puis acquittés hier jeudi par la Cour d’Appel de Conakry, les deux responsables du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) ont été libérés ce vendredi 13 mars 2020.
Les responsables en charge des Opérations et de la Planification du FNDC, Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, ont obtenu une liberté sous contrôle judiciaire. Au sortir de la maison centrale de Coronthie, l’un des avocats du FNDC a livré ses sentiments. Pour Me Mohamed Traoré, c’est la justice qui a été dite dans cette affaire.
« Cela fait aujourd’hui une semaine jour pour jour, depuis que nos clients ont été mis en détention. Et par une décision qui a été rendue hier par la présidente de la chambre de contrôle de l’instruction (Cour d’Appel ndlr), ils ont été mis en libertés sous contrôle judiciaire. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de tractations avant qu’on obtienne leur mise en liberté effective aujourd’hui, sinon, dans les conditions normales, c’est hier qu’il devait rentrer à la maison. Dès lors que l’ordonnance a été prise, elle était exécutoire. Mais, pour des raisons que nous ignorons, ils ont été maintenus pendant quelques heures encore, mais quoi qu’il en soit, l’essentiel est qu’il rentre à la maison aujourd’hui. Et, malgré tout ce qui a été entrepris, force doit rester à la Loi et force est restée à la Loi. Je pense que cette procédure, doit montrer à certains officiers de police judiciaire, qu’on ne doit pas faire du n’importe quoi, qu’on ne doit pas employer toute sorte de moyen pour atteindre un objectif. La fin ne justifie pas forcement tous les moyens qu’on emploie. Nous sommes soumis à un code de procédure pénale dont les dispositions sont très claires sur certaines questions. Il faut les respecter. Donc, nous nous réjouissons de cette décision et nous félicitons vraiment la présidente de la Chambre de contrôle de l’instruction, qui a pris son courage à deux mains, qui, aujourd’hui, a dormi tranquillement parce qu’elle n’a fait qu’appliquer la Loi » a déclaré Me Mohamed Traoré, un des avocats de deux responsables du front national pour la défense de la constitution.
Approché, Ibrahima Diallo, a tout d’abord salué la démarche et l’engagement de leurs avocats en faveur de la démocratie. Le responsable des opérations du Front National pour la défense de la constitution a ensuite réitéré son opposition au projet très controversé de troisième mandat en Guinée.
« Je voudrais tout d’abord remercier le collectif des avocats du FNDC, qui se sont battus pour démonter cette forfaiture qui était en cours. Et aujourd’hui, si on est libre, c’est vraiment grâce à leur implication, en tant qu’hommes de droit, pour pouvoir attaquer cette procédure auprès de la Cour d’Appel de Conakry. Je voudrais également remercier tous les leaders membres du FNDC, et tout le peuple de Guinée, pour le soutien qu’on a bénéficié pendant notre incarcération à la maison centrale. Je voudrais également remercier Madame Diallo et m’excuser auprès d’elle d’avoir subi des violences à cause de ma conviction et de mon statut. Je pense que c’est une violence qui mérite d’être condamnée. Ensuite, je voudrais dire qu’actuellement la priorité pour nous, c’est l’enterrement définitif du projet de coup d’Etat constitutionnel. Nous allons nous mettre en travail maintenant-là, pour continuer enfin, parce que nous sommes proches de la victoire finale pour que notre pays puisse retrouver enfin un ancien président qui est Monsieur Alpha Condé, qui va rendre le pouvoir à son successeur le 21 décembre 2020. Troisième mandat : Amoulanfé Tô, Amoulanfé Tina, Amoulanfé Tinaboura » s’est prononcé le responsable en charge des opérations du FNDC.
Ibrahima Diallo et Sékou Koudnou, seront tenus de se présenter une fois par semaine au cabinet du juge d’instruction de Mafanco, Sékou Almamy Camara. Les avocats du FNDC promettent d’introduire une requête pour obtenir l’annulation de la procédure entièrement.
Pour rappel, les deux opposants au projet de changement constitutionnel en Guinée, avaient été interpellés au domicile privé d’Ibrahima Diallo, dans la commune de Ratoma. Ils étaient reprochés pour des faits d’outrage à agent, violences et voie de fait, production, diffusion et mise à disposition d’autrui de données de nature à troubler l’ordre public ou à porter atteinte à la dignité humaine, avant d’être placés sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Conakry. L’arrestation de ses membres du FNDC a créé de l’indignation chez les défenseurs des droits de l’homme, chez les politiques, mais aussi au sein de la Société civile.
Dossier à suivre…
Fatoumata Binta DIALLO
Depuis la Maison centrale