Au Mali, le nouveau Premier ministre, Boubou Cissé, a été nommé, ce lundi 22 avril, a annoncé la présidence par communiqué. Boubou Cissé, ministre sortant de l’Économie et des Finances du président gouvernement, succède ainsi à Soumeylou Boubèye Maïga qui a dû démissionner la semaine dernière, alors qu’une motion de défiance avait été déposée à son encontre à l’Assemblée.
« Il est jeune, apolitique, technocrate, Peul et originaire du centre », confie à RFI, un conseiller à la présidence. Pour lui, pas de doute : Boubou Cissé présente toutes les qualités pour fédérer autour de lui. « Une partie de sa famille est même membre de l’opposition », ajoute-t-il.
Économiste de formation, ancien fonctionnaire de la Banque africaine de développement, ministre des Mines, de l’Industrie et ministre de l’Économie depuis trois ans, Boubou Cissé, âgé de 47 ans, est un homme de dossiers. Son entourage vante sa capacité d’écoute qui lui permettra de rechercher toujours le consensus.
Affable, il sait aussi dire non. Ce fut le cas devant des hommes d’affaires locaux qui après avoir fourni des services à l’Etat ont présenté des factures qualifiées de « salées ».
Une nomination qui ne fait pas l’unanimité
Mais si son sérieux fait l’unanimité, ce n’est pas le cas de sa nomination. « Il n’y a aucun changement. C’est un homme du système, un ami personnel de la famille d’Ibrahim Boubacar Keïta. Il ne pourra pas se démarquer du président », explique Kalilou Ouattara, député de l’opposition, signataire de la motion de défiance.
L’opposition qui regrette de ne pas avoir été consultée avant cette nomination.
Cela grince des dents aussi dans les rangs de la majorité parlementaire, à la manœuvre lors du dépôt de la motion de censure.
En six ans, Ibrahim Boubacar Keïta n’a nommé qu’un seul Premier ministre issu de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM). Philosophe, son secrétaire général, Baber Gano, affirme qu’il n’est pas déçu par la nomination de Boubou Cissé mais espère que le RPM sera « massivement représenté » dans le nouveau gouvernement dont l’annonce est attendue cette semaine. Boubou Cissé devra former un « gouvernement de large ouverture ».
Pour Mamadou Samaké, chercheur à la faculté des sciences politiques de Bamako, avec cette nomination, IBK fait le choix de la neutralité.Boubou Cissé n’appartient officiellement à aucun parti. Il n’a donc pas d’agenda personnel.
Boubou Cissé sait qu’il n’aura pas quasiment pas d’état de grâce. La grogne sociale est là, la crise scolaire et sécuritaire également. Sur ce dernier volet, on annonce déjà des réajustements stratégiques. L’homme a la confiance du président IBK et c’est en tandem qu’ils travailleront. Dès ce mardi, au cours d’une brève cérémonie, il prendra des mains de son prédécesseur les clés de la primature.
Rfi.fr