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Manifestations au Tchad: pouvoir et opposition se rejettent la responsabilité des violences

Journée meurtrière, jeudi 20 octobre, au Tchad lors de manifestations appelées par l’opposition pour protester contre le maintien à la tête de la transition du président Mahamat Idriss Déby Itno. Il y a eu des dizaines de morts, des civils tués par balles. Les bilans avancés par les uns et les autres divergent.

Jeudi, en fin de journée, le Premier ministre Saleh Kebzabo a évoqué « une cinquantaine de morts » et « 300 blessés ». Il a annoncé un couvre-feu dans quatre villes de 18h à 6h du matin, jusqu’au retour total de l’ordre, ainsi que des poursuites judiciaires. Il fait porter la responsabilité des violences aux organisateurs des manifestations.

« Ce qui s’est passé ce jeudi est une tentative de coup d’État », a déclaré Saleh Kebzabo, au cours de la conférence de presse qu’il a donnée jeudi en fin de journée. Devant les journalistes, le nouveau Premier ministre de transition du Tchad a affirmé que des manifestants étaient armés, formés à des techniques de guérilla. Il justifie les tirs à balles réelles en pleine rue.

Saleh Kebzabo met en cause nommément deux opposants qui se trouvaient toujours jeudi soir à Ndjamena : Succès Masra et Yaya Dillo. Ce dernier est le président du Parti socialiste sans frontières. « Saleh Kebzabo semble ignorer totalement la réalité, puisque ce sont les agents habillés en civil qui ont commencé à tirer, à mater, à balles réelles. Il n’y a aucune insurrection comme il le dit, mais c’était un massacre opéré par les services de sécurité qui ont tiré à balles réelles. »

Succès Masra, à la tête du parti Les Transformateurs, appelle les partenaires du Tchad à prendre leurs responsabilités. « Ce n’est pas faute d’avoir alerté. À la veille de cette marche, nous avons écrit au secrétaire général des Nations unies, à toutes les chancelleries, à l’Union africaine. On est en train de nous regarder. Est-ce que les vrais amis du Tchad peuvent enfin, enfin dire de quel côté ils se trouvent ? », rapporte RFI.

Succès Masra disait compter, jeudi soir, 70 morts dans tout le pays. En plus des personnes blessées et tuées, plusieurs manifestants ont été interpellés. Pour faire face à la situation, le gouvernement a décidé d’un couvre-feu de 18h à 6h00 du matin à Ndjamena, Moundou, Doba et Koumra.

Sept partis politiques suspendus

Les activités des partis politiques et organisations impliquées, notamment Les Transformateurs et la coalition Wakit Tama, sont interdites sur tout le territoire national pour une durée de trois mois, indique un arrêté du ministre de l’Administration du territoire.

Une enquête sera diligentée sur les événements de ce jeudi et pourrait aboutir à des poursuites judiciaires contre eux. En attendant, le gouvernement a indiqué qu’il mettra tout en œuvre pour que l’ordre règne sur tout le territoire. Un couvre-feu a été instauré entre 18h et 6h, jusqu’au rétablissement de l’ordre dans la capitale et trois autres villes.

« À deux mètres de moi, ils ont abattu deux personnes. J’ai entendu dire que l’opposition avait « formé » 1 500 personnes. C’est faux. La situation est déplorable. On tire sur des jeunes désarmés », témoigne un habitant.

Avec RFI

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