La crise actuelle a mis à l’épreuve le système économique mondiale. Les pouvoirs publics sont restés en premières ligne pour protéger les populations et tenter de trouver des solutions contre le virus et ses conséquences sur l’activité économique. Dans ce rôle, certains gouvernants ont la chance de pouvoir s’appuyer sur des systèmes organisationnels performants pour agir promptement face à des situations aussi incertaines qu’improbables.
Les pays les moins avancés comme bon nombre de pays africains, bien que relativement moins impactés par la maladie elle-même, manquent souvent de mécanismes adéquats pour riposter contre un tel bouleversement systémique inattendu. Pour ces pays, il est impérieux de se donner les moyens pour une stratégie de développement socioéconomique durable. Les bonnes idées ne manquent pas car nous avons la chance de pouvoir nous servir des expériences réussies ailleurs. Toutefois la question de la disponibilité des ressources nécessaires et celle de leur gestion efficace et efficiente restent essentielles.
En raison d’écueils importants pour financer les projets de développement socioéconomique, il est primordial d’accroitre la mobilisation des ressources intérieures pour réduire les contraintes liées à l’accès aux ressources extérieures. Il s’agit d’un processus laborieux, long et dont les résultats sont peu perceptibles à court terme. Ainsi, la question de la mobilisation des ressources intérieures est souvent considérée à tort comme anodine.
Pour autant, la prédominance des ressources intérieures dans le besoin de financement présente des avantages évidents. D’abord, parce qu’elle entraîne une faible dépendance aux ressources extérieures – celles-ci étant fortement orientées et assujetties à des considérations stratégiques et/ou géopolitiques des bailleurs. La faible dépendance aux ressources extérieures favorise ainsi, une certaine autonomie dans la mise en œuvre des politiques de développement.
L’épargne intérieur et les recettes publiques qui constituent les principales ressources intérieures sont très faiblement mobilisés. D’une part, à cause de la faiblesse de la performance de l’administration fiscale – un taux de pression fiscale maigre par rapport au potentiel ; d’autre part, parce que les marchés financiers locaux sont étroits (faiblesse du secteur financier formel) – dû à la prééminence de l’épargne non productif des ménages et des entreprises. Ces dernières privilégient le financement par fonds propres du fait de l’insuffisance de crédits abordables. C’est l’une de raisons pour lesquelles l’Etat doit orienter massivement les crédits vers le secteur privé pour augmenter le financement des petites et moyennes entreprises[1].
Il faut de surcroît admettre que la difficulté de collecte des ressources fiscales réside foncièrement dans la structure même de ces économies : une forte présence du secteur tertiaire avec des contribuables ne tenant pas ou peu de comptabilité et étant difficilement localisables. De plus, l’impôt n’a toujours pas été synonyme de l’amélioration de services publics. Le déficit d’efficience et d’efficacité dans l’utilisation des ressources constitue l’une des principales contraintes pour que la mobilisation des ressources intérieures puisse se faire aisément et amplement.
En somme, il n’est pas itératif de soutenir qu’il est inéluctable de travailler à se donner les moyens de financer nos politiques de développement, tout en réduisant au maximum notre dépendance à l’extérieur. Ceci ne serait cependant, qu’une vaine corvée si les ressources mobilisées ne sont pas utilisées de façon efficace et efficiente.
Sory KEITA
Analyste Financier,
Directeur Associé du Cabinet
PMC Afrique – Cabinet d’expertise
en Système de Management, Finance et
Droit des marchés publics (à Conakry, Guinée).