Les coups d’Etat sont indésirables, qu’ils soient militaires ou constitutionnels. Ils sont conflictogènes et inhibiteurs de progrès au triple plan économique, social et culturel. La Guinée a fait par deux fois les frais du coup constitutionnel et par trois autres fois celui du militaire.
Les coups de force constitutionnels sont intervenus en 1981 puis en 2020 dans le but clairement établi de maintenir au pouvoir les Présidents en exercice d’alors en fin de mandat. Quant aux interventions militaires, elles ont eu lieu en 1984, 2008 et 2021 en raison essentiellement de la décrépitude qui a caractérisé l’Etat guinéen à ces périodes-là.
Il est en effet connu qu’à la mort de Sékou Touré en 1984 et à celle de Lansana Conté en 2008, le pays était au bord de l’implosion à cause des querelles de succession qui ont entraîné la déliquescence et la faillite de l’Etat. En 2021, le Président montrait des signes évidents de paranoïa. Il menait le pays immanquablement à la catastrophe.
L’esprit démocratique ou simplement la saine raison récusent les coups d’Etat. Mais qu’est ce qui rend ce type d’intervention si facile dans notre jeune démocratie ? Que faire pour rendre notre État moins vulnérable aux coups de force militaires ou constitutionnels ?
La transition qui s’amorce doit se pencher sérieusement sur cette question. La sympathie dont les larges couches de la population font montre et l’adhésion quasi unanime des citoyens aux différents coups d’Etat militaires intervenus, sont la preuve qu’une réflexion approfondie s’impose sur notre régime de gouvernance.
Sociologiquement, le schéma culturel dominant chez nos populations constitue un terreau fertile de création d’hommes providentiels, de Président irremplaçable. Le moment est peut-être venu de questionner le régime ‘’présidentialiste’’ qui caractérise la gouvernance en Guinée, pour faire un clin d’œil au régime parlementaire plus enclin à l’alternance.
Dieu est imploré à nous inspirer vers ce qu’il y a de de mieux pour notre pays. Aaameen!
Sény Facinet Sylla
Ancien Secrétaire Général des Affaires Religieuses