Pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il pas encore adressé une lettre de félicitation à Alpha Condé, son homologue guinéen qui a été réélu pour un troisième mandat controversé de six ans à l’issue de l’élection présidentielle du 18 Octobre dernier ? Le président français vient de briser le silence alors que sa position était très attendue dans le monde.
Selon Emmanuel Macron, la situation est grave en Guinée après la réélection d’Alpha Condé.
Selon notre confrère de l’AFP, Macron regrette que Condé réélu en Octobre, ait organisé un référendum et un changement de constitution uniquement pour pouvoir garder son pouvoir.
« Je pense que la situation est grave en Guinée pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée » a ajouté le dirigeant français dans une interview parue ce vendredi chez notre confrère de Jeune Afrique.
Emmanuel Macron qui révèle sur Jeune Afrique avoir eu plusieurs discussions avec son homologue guinéen notamment le 15 août 2019, estime que le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, renchérit le patron de l’Elysée, « il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations » brise-t-il enfin le silence après avoir été sommé de sortir de son mutisme par un député du parlement français.
Alpha Condé (82 ans) au pouvoir en Guinée depuis 2010 a été plébiscité d’un troisième mandat à l’issue de la présidentielle d’Octobre avec 59,50% des suffrages selon la Cour constitutionnelle, qui a sans surprise, validé les résultats de la Commission électorale nationale indépendante en ajoutant 0,5% pour le vainqueur du scrutin. Des résultats aussitôt contestés par des candidats de l’opposition dont Cellou Dalein Diallo, qui revendique d’ailleurs une victoire dès le premier tour.
Macron en donneur de leçon ?
« La France n’a pas à donner de leçons. Notre rôle, c’est d’en appeler à l’intérêt et à la force qu’a le modèle démocratique dans un continent de plus en plus jeune. L’Afrique a intérêt à construire les règles, les voies et les moyens pour avoir des rendez-vous démocratiques réguliers et transparents (…) l’alternance permet la respiration. Elle est aussi le meilleur moyen de permettre l’inclusion dans la vie politique et de lutter contre la corruption, qui est le pendant d’une conservation trop longue du pouvoir. Ce ne sont pas des leçons, c’est du bon sens… » laisse entendre.
Position embarrassante en Côte d’Ivoire…
« Le président Ouattara s’est clairement exprimé en mars pour dire qu’il ne ferait pas de troisième mandat. Je l’ai tout de suite salué. Un candidat avait été désigné pour lui succéder : le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Mais à quelques semaines de l’échéance, il s’est retrouvé dans une situation exceptionnelle avec le décès de ce dernier. Je peux vous dire, de manière sincère, qu’il ne voulait pas se représenter pour un troisième mandat » défend-t-il son homologue Ivoirien sans ambages.
A suivre
Alpha DAF