“La pierre pèse lourd, le sable pèse lourd mais la haine pèse plus lourd que l’un et l’autre”, Shakespeare.
C’est un moment de grandes incertitudes, de grandes tourmentes, je ne dirai pas absolues mais de totales absolues avec une philosophie politique archaïque, dangereuse. La Justice des vainqueurs sur les vaincus ou mieux le règne du plus fort oubien la raison de qui peut crier plus fort face à des personnes, sans défense, contraints au silence.
Quand un regime tombe et que l’armée monte au pouvoir, c’est le temps de toutes les surenchères dans la lutte de positionnement ouverte, où tous les coups semblent permis. La délation devient monnaie courante et les règlements de compte caractérisent la nouvelle époque.
On détruit des valeurs, on compromet dangereusement l’avenir avec un présent qui se vit dans la peur, la stigmatisation, avec un repli de vengeance et tous ses detritus.
On a l’impression que c’est le mal qui combat le mal, avec pour seule et unique différence, une permutation des rôles. Le bourreau d’hier est la victime d’aujourd’hui et vice-versa.
Les négriers d’hier sont les nouveaux maitres, armés de haines, d’intolérance et d’incivisme.
C’est un risque de succession d’un lot de victimes avec pour coupable ‘’L’État’’, un protecteur qui désanobli son peuple, parce qu’il manque de croyances républicaines, d’esprit libéral et de principes démocratiques.
Le tribunal populaire des réseaux sociaux semble detourner notre élite militaire de son serment. “ Il n’y aura pas de chasse aux Sorcières”, a promis le colosse au charisme De Gaullien et à la témérité Rawlingsienne.
Tandis que la société vengeresse continue d’indexer et de culpabiliser des présumés innocents, sans le moindre respect de la présomption d’innonce, en attendant l’établissement d’une justice forte, équitable et juste qui servira de boussole à chaque citoyen.
Notre société a beaucoup de faux héros, de suspects coupables mais jamais de suspects innocents. C’est un amalgame effectif.
Avec le recul ou la reserve qu’impose le moment, on peut facilement déduire que le mal de la Guinée, c’est sa société, ses hommes et ses acteurs. Ni plus ni moins.
Sékou Touré décrié. Lansana Conté vilipendé. Dadis poussé à la porte. Konaté considéré comme traitre et Alpha Condé confondu à un diable.
Les opposants sont victimes de carricatures et le verdict de l’opinion sur les anciens Ministres de tous les régimes confondus est du goût d’un procès expéditif de la part de certains sans personnalité ni parcours.
Certes que la gouvernance d’Alpha Condé était décriée, ses choix erronés et impopulaires parfois, mais il n’était non plus le démon en exemple.
Hier, beaucoup parmi cette classe politique qui cherchent une virginité aujourd’hui, veulent formater le logistiel de l’histoire. Et pourtant, ils ont bénéficié de décret d’Alpha Condé ou ont tiré d’autres profits de sa gouvernance.
Mais très malheureusement, avec la nature ingrate de l’homme et le don de talent du Guinéen dans le retournement de veste, ils sont là à lui (Alpha Condé) jeter la première pierre, parce qu’impuissant, forcé au silence.
Les mêmes grincheux opposants et raccourcistes, avaient même émis le souhait de devenir son Premier ministre après le coup de force électoral qu’ils n’ont pas reconnu. D’autres ont pris part à la cérémonie de son investiture, après avoir refusé de participer à l’échéance électorale sous prétexte de ne pas être une sorte de caution. Quelle inconhérence républicaine?
C’est dans ce flou, que Dieu envoya un Messie, un prodige pour extirper la Guinée des griffes des démons et des faux prophètes qui s’attribuent aujourd’hui, tous les honneurs de sainteté. Dommage pour eux, les faits sont trop récents.
A part Cellou Dalein Diallo, un exemple abouti de constance et de courage, qui d’autre dans notre paysage politique peut clouer à pilori Alpha Condé ou son système? Ils ont presque tous mangé et bu à la même table que Condé.
Et si on publiait la liste de tous les collaborateurs anciens et nouveaux du président déchu?
Par devoir de mémoire et pour une question d’éthique et d’intelligence, il faut arrêter de jouer avec la conscience populaire.
Je milite pour un débat contradictoire ou pour l’ouverture accelérée des procès pour rétablire la vérité et permettre aux futurs dirigeants ou de la transition même d’avoir une opinion précise sur chacun et pour faciliter le choix des hommes appelés à conduire les destinées du pays. Que les coupables répondent et que les innocents soient retablis dans leur dignité et leur honneur. Force doit rester à la Loi.
C’est pourquoi, je dirai à Colonel Mamadi Doumbouya, patriote affirmé, convincu et convaincant de refuser toute sorte de manipulation, surtout un Etat dont on voudrait faire un épouvantail contre les faibles du moment, hier, craints contre les croyances républicaines.
Pendant ce temps, le peuple observe, en attendant, de tirer le vrai du faux avec le temps et sa patience habituelle.
La sentence populaire est toujours sujette de manipulation ou de préjugée.
Qu’il refuse cependant, de céder à l’émotivité erectile d’une opinion volatile, insatisfaite et insaisissable.
Mais on dit souvent que: ‘’ l’opinion de l’autre est un jugement mais pas la justice’’.
Si ce que chacun dit était vrai, alors qui dirait faux?
Faisons attention, la roue de l’histoire tourne et ne conduisons pas nos soldats patriotes à une quelconque erreur!
Halte à la surenchère des démarcheurs de postes sans personnalité ni culture démocratique.
C’est pour le bien de tous, et pour le meilleur de notre transition.
Marouane.