L’une des particularités paradoxales de la Guinée réside dans la politisation outrancière de sa société. Les adversités entre acteurs politiques caractérisées par leurs incessants désaccords prennent la mentalité ou la conscience nationale en otage. Elles écartent tout débat sur d’autres sujets importants de la vie nationale.
En effet, l’actualité politique est la chose la plus consommée par les guinéens. De janvier à décembre, les préoccupations nationales sont dominées par des querelles électorales, des bras de fer, des tractations sournoises, de marchandages, de transhumance politique, de manifestations de rue, de velléités de tripatouillage constitutionnel….la liste est longue.
Pendant ce temps, la pauvreté persiste, le chômage reste chronique, les activités économiques sont au ralenti, la corruption s’accentue, les inégalités s’agrandissent, l’éducation nationale s’enfonce, le système de santé est pourri, l’environnement est délaisse, les infrastructures de transports sont inexistantes…
Vu cette triste réalité, les leaders nationaux créent alors un divertissement permanent pour maintenir les citoyens dans des contradictions et polémiques stériles. Cela pour masquer leur incompétence à résoudre les problèmes pressants du pays.
Avant de s’envoler pour les Etats-Unis, le Président guinéen ouvre les vannes pour occuper son peuple durant son absence du pays. Son Premier ministre, lui, prend son bâton de pèlerin pour conduire une duperie de dialogue, tandis que les opposants affutent leurs armes à la mobilisation contre l’arnaque qui trame.
Alors, c’est parti pour un autre épisode d’un feuilleton indigeste et interminable servi à une population désorientée et désespérée pour le reste de l’année.
Malheureusement, l’Etat qui est censé être le moteur de gestion de la nation est devenu un instrument de propagande détenu par un groupuscule de malhonnêtes qui vendent des illusions aux pauvres citoyens.
La politique est désormais là où il faut se faire.
Almamy Kemo