Le président chinois entame ce jeudi une nouvelle tournée en Europe. Six jours de visite officielle en Italie, puis à Monaco et en France où Xi Jinping sera accueilli ce dimanche à Nice par Emmanuel Macron. Le président chinois devrait signer avec Rome un projet d’accord sur les « nouvelles routes de la soie » chinoises, dans une Europe divisée.
« Insuffler un nouvel élan aux relations Chine-Europe » : c’est l’objectif des visites de Xi Jinping en Italie, dans la principauté de Monaco et en France selon l’agence Chine Nouvelle reprise par l’ensemble de la presse officielle. Mais derrière « l’Orient [qui] rencontre l’Occident », le titre de la tribune du président chinois publiée mercredi dans le Corriere della Serra, derrière les références à Marco Polo lorsque Xi Jinping répond à une lettre d’élèves d’un lycée technique de Rome, ou encore à ces « nouveaux chapitres dans l’amitié » avec les pays traversés, le président chinois entend rassurer un continent pour le moins partagé, parfois même plus que réticent vis-à-vis des ambitions commerciales de Pékin.
Nouvelles routes de la soie
Ce « n’ayez pas peur », autrefois slogan du Vatican, doit permettre de convaincre le Vieux continent de desserrer la ceinture et d’ouvrir davantage les portes du marché européens aux projets chinois.
À commencer par l’initiative « OBOR », les nouvelles routes de la soie proposées par Pékin, sujet d’inquiétude parmi les membres de l’UE. « On a entendu des disputes en Italie autour de cette initiative, a affirmé Wang Chao, vice-ministre chinois des Affaires étrangères. La nouveauté entraîne parfois des malentendus et des doutes. Mais les faits sont toujours plus forts que les mots. Plus de 150 pays et organisations ont déjà adhéré au projet « ceinture et routes » proposé par la Chine. »
À l’occasion de cette première visite d’un dirigeant chinois en Italie depuis une décennie, Xi Jinping doit signer un projet d’accord formel sur l’initiative « ceinture et routes », le premier avec un pays du G7. Une manière de diviser pour mieux régner alors que l’Union européenne est perçue depuis Pékin comme plus fragile à la suite du Brexit, des manifestations des « Gilets jaunes » et autres mouvements venus s’opposer à Bruxelles ces derniers mois. La France n’a pour sa part pas répondu à l’appel du pied, préférant coordonner sa réponse avec ses partenaires européens, avant le sommet UE-Chine du 9 avril prochain.
« Cheval de Trieste »
Selon des sources diplomatiques citées par le South China Morning Post, Xi Jinping, attendu à Palerme, pourrait également signer un accord de coopération avec la ville portuaire sicilienne – et peut-être également avec les ports de Trieste et de Ravenne sur la mer Adriatique, répondant aux efforts faits par Rome pour attirer les opérateurs maritimes chinois. Des accords dénoncés par Washington et certains membres du gouvernement italien craignant que ces memoranda ne soient un « Cheval de Troie » pour entrer sur le marché italien.
« L’Italie, qui est un peu isolée en Europe, est clairement à la recherche d’autres débouchés pour relancer un peu son économie qui ne va pas très bien », nous explique Francesco Saraceno, directeur adjoint du département d’étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Et la participation d’entreprises italiennes à ces projets de « nouvelles routes de la soie » sont vues comme des opportunités, mais problème, ajoute Francesco Saraceno: personne ne connait le contenu de ces memoranda qui portent y compris sur des sujets sensibles comme les télécommunications.
La diplomatie chinoise espère enfin que cette nouvelle tournée européenne permettra de lever les barrières à la 5G chinoise, bloquée aux États-Unis. Avant une possible rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump en avril pour enterrer la hache de la guerre commerciale entre la première et la deuxième économie du monde, Pékin entend en effet resserrer les liens avec le Vieux continent. Lors de la conférence de presse donnée avant que le président chinois ne prenne son avion pour l’Italie, Wang Chao a ainsi fait état de relations très soutenues entre la Chine et l’Europe, avec plus de 100 échanges de « premier niveau » en 2018.
Source: Rfi.fr