La vague de démissions qui secoue le groupe Hadafo Médias est un sujet qui devrait interpeller les sociologues des médias. De mémoire de jeune journaliste et ancien collaborateur de la radio Espace FM, cette situation dépend entièrement de son fondateur, le bien-aimé Lamine Guirassy, qui semble ne pas savoir que, plus il se laisse aller à parler, plus il a l’air banal et peu maître de lui-même.
Comme on le sait, Monsieur Guirassy devrait savoir qu’il avait autour de lui, « des soldats du journalisme » et non « des brins d’allumettes de Hamlet ». Pour parler comme Zarathoustra, les soldats qui portaient Hadafo médias comme « uniforme » ne l’étaient pas en ce qu’ils cachaient en dessous. Car ténus entre la dépendance et le désir. Ce désir était comme le virus, plus il y a de gens contaminés, plus la contagion s’entend.
L’évidence a été que l’effet de groupe rend les gens primaires, prisonniers de leur subjectivité, moins capables d’exercer leur raison (ROBERT. G. 2009). Raison pour laquelle, certains des éminents animateurs du groupe Hadafo sont à présent, convoités comme « une fille de joie » par des entreprises concurrentes. Car entre Monsieur Lamine et ceux-là, il n’a pas toujours été question du travail d’équipe mais de lutte pour des intérêts personnels.
Et pour les plus avertis de l’émission phare « les Grandes Gueules » de la radio Espace FM, chaque regard d’un animateur sur l’autre, l’on peut scruter aisément la haine qu’il contient, de laquelle succombent la loyauté et la responsabilité du journaliste. Autrement, au cours de l’émission (j’emprunte la formule à Henri Thomas auteur de Nietzsche), on bavarde et on se querelle, « du moins théâtralement » parce qu’on ne peut se taire et rester tranquille que lorsqu’on a des flèches et un arc.
Monsieur Guirassy, le sait bien que dans la hauteur enviée, il y a bien de la méchanceté. Eh bien, ROBERT.G. (The Power) est catégorique, certains lorsqu’ils sont trompés ou manipulés, passent le reste de leur vie à chercher une occasion de vengeance. Ce sont des loups déguisés en agneaux. Là, il est conseillé de choisir soigneusement ses victimes, ses adversaires et ne pas malmener n’importe qui.
Sinon comment comprendre qu’en début d’année 2020, qu’un Lamine Guirassy, fondateur du groupe Hadafo Médias SA (Espace FM Sarl, Sweet FM Sarl et Espace TV SA) ait reçu du service conseiller à la clientèle de l’agence de la Société Générale de Issy-les-Moulineaux Corentin Celton, un courriel réponse à sa requête intitulée « Situation de mon compte Société Générale » lui annonçant la poursuite de la fermeture de son compte bancaire, et que consécutivement, un chèque lui ait été édité, afin qu’il puisse récupérer les fonds résiduels ? Pourquoi en cache-t-il une telle réalité aux auditeurs et téléspectateurs de son réseau de médias ? N’est-il pas une grande gueule ? Vouloir s’en prendre au Président Alpha Condé de de lui retirer son empire, n’est-il pas une tentative de fuite en avant ? Alors que comme l’a écrit Henri Thomas, « il est plus noble de se donner tort que de garder raison, surtout lorsqu’on a raison. Mais il faut être riche pour cela ».
Tenez !
D’abord, Monsieur Guirassy est au courant que le service conseiller à la clientèle en France avait eu fortement envie de travailler avec lui, « malheureusement la direction générale de la Société Générale est restée catégorique quant à la rupture de la relation ».
Ensuite, en mars 2020, « le dossier Lamine Guirassy » a été examiné au niveau local par une équipe de la Société Générale à Conakry. Dans les livres de laquelle, le client détenait deux comptes épargne (CPT comptes épargnes ordinaires en euro et franc guinéen) et un compte à vue particulier (franc guinéen).
Suite aux travaux effectués par cette succursale, notamment sur la mise en conformité des KYC (Know your Costumer : la connaissance du client), aussi bien sur le compte particulier que sur celui de l’entreprise, « la justification des opérations atypiques n’ont malheureusement pas permis au groupe de lever les doutes sur l’origine des fonds » peut-on lire dans un document interne.
Enfin, il a été décidé de procéder à la rupture de toutes les relations (privées et commerciales) avec le client mis en cause. Pour manque de visibilité sur ses transactions, Monsieur Guirassy a été ainsi prié de domicilier ses opérations dans une autre banque de la place.
Par ailleurs, il est important de le souligner, c’est bien qu’après « audition » de Monsieur Guirassy, que les services bancaires concernés ont constaté que, les justificatifs produits par le client ne sont pas probants et ne donnent pas de confort suffisant pour le maintien des relations avec la Société Générale.
Des interlocuteurs ayant connaissance du traitement du dossier témoignent que « le client Guirassy a avoué aux services bancaires qu’il ne se doutait pas qu’une décision de rupture des relations intervienne après ses échanges épistolaires avec la Société Générale Paris ».
Un autre fait majeur, entre 2015 et 2019, il a été constaté des multiples versements « significatifs et controversés » en espèces (euro et franc guinéen) sur les comptes épargnes du client (inutile de préciser que cette période est celle des troubles politiques mortels dans le pays). Ainsi que des versements dont l’un des plus grands donneurs d’ordre est l’Agence principale de la Banque Centrale. Dans l’ensemble, ces fonds semblent avoir été utilisés pour la prise en charge des engagements de l’entreprise Hadafo Médias SA et d’autres fins ayant interpelé l’attention des services de conformité du groupe bancaire.
A titre d’exemple, le 13 février 2019, le client a procédé à un virement de 241 900 euro au bénéfice d’un office notarial de Villiers le bel à Cergy Pantoise (Paris) pour « achat de maison ». Puis le 10 juillet de la même année, un autre virement de 273 570 euro au bénéfice d’un certain Sel Constant Liagre à Paris. Entre temps, l’un des comptes incriminés a reçu plusieurs fois, sur une durée considérable, des montants qui varient entre 90 millions et 150 millions de francs guinéens par mois sur ordre de la Banque Centrale. Et près de 2,5 milliards de francs guinéens de la Société Minière de Boké, ce leader incontesté dans la filière bauxite-alumine en Guinée.
Le 9 janvier 2019, dans un procès-verbal du conseil d’administration du groupe Hadafo Médias SA sous le sceau de Me Mathos et dont l’ordre du jour comportait un point consacré « à l’examen et approbation des comptes arrêtés au 31 décembre 2018 et affectation des résultats » des interrogations subsistent sur la cohérence des chiffres. D’où dans l’une des résolutions, les actionnaires, après avoir pris connaissance des états financiers constatent l’existence d’un résultat bénéficiaire de six (6) milliards de francs guinéens distribuables à l’unique actionnaire (Lamine Guirassy).
Dans la tentative de répondre aux demandes de clarification, le client a dû faire appel aux services du notaire guinéen Me Jean Alfred Mathos, encore lui pour délivrer le 12 février 2019, une attestation de provenance des fonds. Laquelle attestation indique que Lamine Guirassy est bien le bénéficiaire de la somme de 241 900 euro (seulement ?) correspondant à sa part des dividendes d’actionnaire de l’exercice social 2018 de la société Espace TV SA.
Ces documents du notaire en question ont été qualifiés par un expert du domaine comme étant « des documents de débarras » dont l’auteur « mérite de passer devant le conseil de discipline de la chambre de notaire ».
Pourtant, pendant notre enquête, Lamine Guirassy a dit avoir vendu la maison de son grand-père dont les recettes ont servi à l’achat de sa maison objet de divers commentaires, en France. Comme dit l’autre, « chez celui qui veut être profondément juste, le mensonge même devient philanthropie ».
Dans les établissements bancaires et des entreprises familiales, « la forêt et le rocher savent se taire » mais des lanceurs d’alertes ressemblent à « l’arbre que les propriétaires aiment, cet arbre aux larges branches qui écoute, silencieux, suspendu sur la mer » ainsi parlait Zarathoustra.
Akoumba Diallo