Cette libération survient moins de deux mois après le coup d’État militaire du CNSP, la junte qui a fait chuter le président Ibrahim Boubacar Keïta. C’est pourtant sous l’ancien régime que les négociations avaient été lancées, activement, mais le moment de la libération effective favorise forcément les actuels hommes forts du Mali.
La libération de Soumaïla Cissé était devenue au Mali une cause nationale, transpartisane, fédératrice. Si ce n’est évidemment pas l’objectif premier, le gain politique associé est indiscutable. Mais à qui attribuer ce succès ?
« Les nouvelles autorités » remerciées
Soumaïla Cissé lui-même, dans ses premières déclarations publiques, a tenu à remercier « les nouvelles autorités », issues du coup d’État militaire mené par le CNSP le 18 août dernier. Le chef de l’opposition malienne, enfin libre, salue la « rapidité » avec laquelle elles se sont engagées pour sa libération.
Mais des membres de son propre parti, au sein de la cellule de crise qui a œuvré à sa libération, rappellent également l’implication de l’ancien régime. Le président Ibrahim Boubacar Keïta était encore au pouvoir lorsque les négociations avec les ravisseurs ont commencé. En juin dernier, une tentative est même tout près d’aboutir, et IBK promet un peu trop vite que Soumaïla Cissé sera libéré « bientôt Inch’Allah ». Cette tentative échoue. La suivante, mise en œuvre, cette semaine réussit. Les aléas de ce type d’opération délicate et incertaine.
Quelles contreparties ?
Est-ce que le CNSP a accédé à certaines contreparties auxquelles se refusait l’ancien président ? À moins que ce ne soit l’attitude des partenaires internationaux qui ait changé, la conduite des intermédiaires ou les revendications des ravisseurs elles-mêmes ? En tout état de cause, devant l’opinion publique, la victoire appartient toujours à ceux qui peuvent la tenir dans leur main.
Avec Rfi