Les Religieux ont vu le danger venir. Ils ont entrepris des démarches pour le prévenir. Leurs efforts ont été entravés. Les signes de la montée de la tension politique en Guinée n’ont pas trompé certains acteurs sociaux.
La radicalisation des positions relatives des acteurs politiques s’est très tôt traduite par une escalade verbale, à travers des discours à fort relent ethnique et par des invectives à peine voilées les uns à l’endroit des autres, et vice et versa.
Le consortium d’Organisations Non Gouvernementales constitué de WANEP-Guinée, la Fondation Bah Mamadou, AGIL et le Cabinet A M Gouvernance a requis la collaboration d’El Hadj Mamadou Saliou Camara, Grand Imam de la Mosquée Fayçal de Conakry et de Mgr Vincent Coulibaly, Archevêque de Conakry, dans un programme citoyen d’apaisement du climat sociopolitique. Ce consortium pariait ainsi sur la capitalisation de l’influence et l’expérience de médiation des deux plus hautes autorités religieuses du pays, en même temps Coprésidents de la Commission de Réflexion sur la Réconciliation Nationale. L’objectif visé étant d’atténuer la violence devenue récurrente en période électorale en Guinée.
L’entreprise a démarré en amont par une minutieuse préparation des acteurs concernés à travers une série de communications radiotélévisées et de contacts personnalisés. Dans ce cadre des messages clés de paix et de concorde sociale, fortement relayés par des media de grande audience de la place, ont été délivrés.
Le projet prévoyait à terme une rencontre entre la Majorité, l’Opposition et le Front National de Défense de la Constitution (FNDC), rencontre précédée par un aparté avec chacune des parties concernées. Le FNDC et l’Opposition ont hautement honoré les Religieux par une représentation massive et de haut niveau de leurs Organisations respectives. La Mouvance Présidentielle, elle, a commencé par présenter des excuses courtoises pour sa sous – représentation à un premier rendez-vous manqué. Elle en a demandé et obtenu un second qu’elle n’honorera malheureusement jamais sur injonction, a-t-on appris, venue d’en haut.
La perspective du dialogue inclusif appelé de tous leurs vœux par les Religieux, s’est ainsi évanouie à jamais. Le consensus minimum qui en était attendu pour mitiger la violence avant, pendant et après le 18 octobre 2020 est resté un vœu pieux. La Guinée subit aujourd’hui les conséquences du boycott de ce merveilleux programme qui, s’il avait été porté par l’ensemble des acteurs politiques et sociaux, aurait sans doute permis de contrôler les troubles qui se produisent, évité de pleurer tant de morts et regretter tant de destructions de biens.
Puisse Dieu le Tout Puissant nous inspirer et nous guider sur les meilleures voies de résolution de la crise dans laquelle des personnes sans foi ni loi ont embourbé la Guinée.
Sény Facinet Sylla
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses