Le frère Nanfo et ses soutiens s’appuient sur l’argument que le Saint Coran ne délivre pas de disposition spécifique interdisant l’office de la salat (prière) dans une autre langue que l’arabe.
Mais il n’est certainement arrivé à aucun de ces Messieurs d’effectuer plus ou moins de 2 raka’at (unité de prière) dans la salat de l’aube ; 4 dans celles de midi et de l’après-midi ; et ainsi de suite pour les autres.
Aucun d’eux ne dira pas non plus qu’il tient l’application stricte de cette règle du livre Saint. La norme du nombre de raka’at ainsi que celle de la récitation à haute ou basse voix que les fidèles respectent dans toutes les prières sous tous les cieux, depuis les origines de l’Islam, ne sont pas non plus écrites dans le Coran.
Cela pour dire qu’il existe d’autres sources de droit en Islam. Le Saint Coran, on en convient est la principale référence du musulman. C’est la Parole Divine. Cependant, on ne peut pas s’y limiter strictement et obstinément au risque de créer la confusion voire la sédition dans la confession.
La Sounna (tradition prophétique) est la deuxième et plus importante référence de l’Islam. Elle ne peut pas être ignorée au risque d’escamoter la religion. Pour la bonne compréhension et pratique de la confession musulmane, le Coran et la Sounna sont inséparables. Ils sont comme la paume et le dos de la main; ou encore la face et l’envers de la médaille.
En d’autres termes, le Coran et la Sounna sont dans un rapport de complémentarité, tel un décret et son arrêté d’application. Le décret définit l’esprit et les concepts généraux du sujet, l’arrêté en explique les détails pratiques.
Allah, s’il l’avait voulu aurait tout indiqué dans le Coran. Mais, par une miséricorde qui relève de Sa science, Il a choisi des Prophètes pour nous transmettre sa volonté. “Priez comme vous m’avez vu prier”, a dit le Prophète (PSL) à ses Compagnons.
Plutôt que de gaspiller du temps à épiloguer sur des questions qui n’avancent en rien la confession, les cadres religieux devraient davantage se préoccuper de l’enseignement de la connaissance d’Allah et de Sa crainte; de la promotion de la Da’awa (appel à l’Islam) et de la droiture, pour faciliter l’obtention de l’agrément du Seigneur aux fidèles.
Par ailleurs, on constate que des angles commencent à se former dans l’affaire Nanfo. On lit et on écoute de plus en plus dans les médias, des allusions relatives au wahabisme, à l’Islam tolérant ou à des personnes qui défendraient des intérêts arabes dans le pays.
On évoque aussi souvent la laïcité. C’est du pur amalgame. La laïcité n’est pas en cause dans cette affaire. Nanfo n’est pas interdit de pratiquer sa foi. Personne ne lui dénie non plus le statut de musulman. Il est musulman et le demeurera tant qu’il n’aura pas renié sa croyance en Allah comme son Créateur et au Prophète Mohammad (PSL) comme son guide dans la foi.
Personnellement, je n’ai pas apprécié la privation de liberté dont Nanfo a fait l’objet du fait de mauvaise gestion de l’affaire par le Préfet de Kankan. Je l’ai mentionné dans un précédent post en son temps. Je regrette et condamne la casse causée à ses biens. Pour cela, il doit être rétabli dans ses droits.
Au plan spirituel, c’est également son bon droit en tant qu’individu de continuer à réciter la prière en manika s’il ne veut pas entendre raison. Mais cela doit se limiter à son domicile privé. Et ce faisant, l’organisation islamique dans le pays ne saurait permettre que l’hérésie se répande par son manque de fermeté. Cela n’a rien à voir avec la laïcité. Et en cela le droit de musulman de Monsieur Nanfo n’est nullement brimé.
Admettons le scénario d’une prière au domicile de Monsieur Nanfo, officiée en manika par un Imam qui ne traduirait pas les versets coraniques dans les mêmes termes que lui; ou même qui rendrait un verset donné dans un sens différent du sien. Ce qui est du reste assez courant entre les imams. Ou encore cet autre scénario d’un Imam qui officierait la salat en soussou, guerzé, pular ou autre. Le désarroi pour les participants à ces prières et pour Nanfo lui-même est facile à imaginer.
C’est une question de simple bon sens. Le problème se pose en termes d’ordre et de discipline au sein d’une même confession. Dans un précédent post, j’ai demandé à savoir de quel besoin procède l’office de la salat dans autres langues que l’arabe. En cherchant la réponse à cette question, on apprendra de quel côté se situe la tolérance. Faisons attention aux arguties dilatoires orientées vers la laïcité ou l’intolérance pour s’attirer des faveurs indues ou jeter l’opprobre sur les gens.
Allah est imploré pour son soutien à la vérité et aux véridiques. Ainsi soit- il.
Elhadj Sény Facinet Sylla
Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses