Le président turc Recep Tayyip Erdogan a refusé dimanche la démission de son ministre de l’Intérieur, Süleyman Soylu, qui voulait assumer la responsabilité du fiasco de soudaines mesures de confinement visant à enrayer l’épidémie de nouveau coronavirus. Le ministre avait annoncé vendredi à la dernière minute le confinement des habitants de 31 grandes villes pendant 48 heures, poussant des foules de Turcs paniqués dans les commerces. Il sort renforcé de cet épisode.
L’annonce de la démission de Süleyman Soylu, ministre de l’Intérieur depuis trois ans et demi, était donc finalement un coup de poker de cette figure emblématique de l’exécutif turc.
Dans un message publié sur Twitter, le ministre justifiait sa démission par la mauvaise gestion d’une décision de confinement. Vendredi soir, des millions de Turcs avaient en effet appris au dernier moment qu’ils resteraient cloîtrés chez eux durant tout le week-end. Quelque 300 000 personnes s’étaient ruées en même temps vers les commerces encore ouverts pour faire des provisions, malgré l’épidémie.
En refusant la démission de son ministre de l’Intérieur, Recep Tayyip Erdogan admet donc qu’il n’en avait pas été informé au préalable. Du moins est-ce l’image que cela donne, et c’est un camouflet pour Recep Tayyip Erdogan. Quant au ministre Süleyman Soylu, non seulement il sauve son siège, mais il renforce sa position au sein du gouvernement en se présentant comme indispensable au président. Une victoire qui risque d’irriter ses rivaux, à commencer par le ministre des Finances, Berat Albayrak, qui est aussi le gendre de Recep Tayyip Erdogan.
Avec Rfi