Sans surprise, les électeurs russes ont voté ce mercredi 1er juillet en faveur des amendements constitutionnels qui permettront notamment à Vladimir Poutine de briguer deux nouveaux mandats.
C’est un résultat qui va au-delà de ce qu’avaient prévu les autorités, rapporte notre correspondant à Moscou. Bien qu’encore provisoires, les résultats du référendum sur la Constitution sont sans appel : plus de 77% des électeurs ont voté favorablement aux réformes voulues par Vladimir Poutine, avec une participation supérieure à 65%. Ils correspondent à ce qui était attendu dans ce scrutin organisé malgré le coronavirus.
C’est ce contexte qui a d’ailleurs permis aux autorités de s’affranchir d’un certain nombre de contraintes en vigueur en temps normal, et qui a favorisé selon l’opposition les fraudes, et les irrégularités… On retiendra sans doute de ce scrutin les fameux bureaux de vote ambulants – ces urnes installées au pied des immeubles, sur des bancs ou à l’arrière de camionnette – « même dans les pays du Tiers Monde, il n’y a pas une telle honte » a commenté sur internet l’opposant au Kremlin Alexei Navalny.
Les résultats portent sur 65% des bureaux de vote répartis sur l’immense territoire russe et diffusés par la Commission électorale centrale, alors que les derniers ont fermé à 20h locales (18h TU) dans l’enclave de Kaliningrad, après une semaine de scrutin.
Que va faire Vladimir Poutine du résultat de ce scrutin ?
L’enjeu principal de ce vote était la possibilité pour Vladimir Poutine d’effectuer deux nouveaux mandats, en 2024 et en 2030, et de rester au pouvoir s’il le souhaite jusqu’en 2036. C’est une nouvelle « merveilleuse », se réjouit Elvira. Cette habitante de Moscou a voté « oui » à la réforme, avec un seul objectif : aider le président russe à rester au pouvoir le plus longtemps possible. « C’est lui qui nous redonné une place dans le monde. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, à la fin des années 90, c’était le chaos en Russie. Mais lui, il a relevé le pays, et depuis, grâce à lui, on va de l’avant ! »
Il a pourtant été assez peu question de la durée du mandat durant la campagne, les partisans du « oui » préférant insister sur les valeurs conservatrices traditionnelles qui seront inscrites désormais dans la Constitution. À aucun moment d’ailleurs, durant la campagne, le président russe n’a laissé entendre qu’il souhaitait rester au pouvoir jusqu’en 2036. De nombreux observateurs estiment en fait que le président russe ne sait pas encore ce qu’il fera – il souhaite selon eux se laisser plusieurs options : se chercher un successeur, ou se donner la possibilité de rester au pouvoir… Comme président ou alors à la tête de ce Conseil d’État dont le rôle a été renforcé au sein de la Constitution…
Si les soutiens de Vladimir Poutine comme Elvira se réjouissent du résultat, l’ambiance est tout autre sur la place Pouchkine, rendez-vous habituel de l’opposition dans la capitale russe. Plusieurs centaines de personnes s’y sont retrouvées à la sortie des bureaux de vote pour y dire leur consternation ou même leur colère. « Pour moi, ce vote est illégal, dénonce Margarita, une retraitée. Cela me rappelle l’époque soviétique, quand on vous obligeait à aller voter. J’espère que la jeune génération ne se laissera pas faire, qu’ils iront manifester. »
Au sein de l’opposition, on se prépare déjà à la suite. Aux mobilisations à venir, dans la rue, mais aussi dans les urnes. Avec les élections locales en septembre prochain… et surtout les législatives qui auront lieu à l’automne 2021.
Avec Rfi