Dans quelques semaines la fin des vacances scolaires et universitaires pour les élèves et les étudiants. Ce moment est également la période pendant laquelle les activités professionnelles et champêtres se ralentissent dans nos communautés. Les élèves, les étudiants et les communautés profitent de ces moments pour se reposer et se divertir à l’occasion des cérémonies artistiques, sportives et coutumières.
À cette période, plusieurs jeunes filles et garçons se déplacent de la ville vers les zones rurales et des zones rurales vers la ville. Mais, la plupart des cas le déplacement des jeunes est plus de la ville vers les zones rurales. La période des vacances dans les zones rurales et certains quartiers des banlieues de la ville de Conakry sont marqués par des événements comme les mariages, les baptêmes, les cérémonies d’initiation des jeunes dans les forêts sacrées et l’excision.
Relativement, plusieurs personnes se lèvent pendant les moments de vacances pour alerter les jeunes sur des pratiques considérées comme néfastes à la santé et au développement des jeunes. Parmi ces pratiques l’accent est plus mis sur l’excision.
Selon l’enquête démographique de santé et d’indicateur 2018, L’excision est une pratique profondément enracinée dans la société guinéenne. Le fait d’être excisée fait partie des normes sociales. Malgré que l’excision soit interdite par la loi L10/AN/2000 portant sur la santé de la reproduction et qui protège l’intégrité physique de la femme et qui prévoit également des dispositions pénales à l’encontre de tous ceux qui transgressent cette loi, elle reste extrêmement très répandue et populaire en Guinée, et se perpétue.
Face à ce problème, on doit se poser la question pourquoi cette pratique est populaire malgré que sa pratique est prévue et punis par les lois guinéennes ? Apporter des éléments de réponse à ce problème peut donner lieu à deux camps c’est-à-dire les personnes pour et les personnes contre. Mais, pour connaitre les vraies raisons, poussons les réflexions sur le droit d’agir (Article 235 Code Civil) de la personne qui pratique l’excision c’est-à-dire la qualité et la capacité de la personne.
Comme dit ci-haut l’excision est une pratique ancestrale de toutes les sociétés guinéennes. Dans ces sociétés on identifie plusieurs groupes qui pratiquent l’excision à savoir les exciseuses du personnel médical, les exciseuses traditionnelles et les excisées (filles/femmes) qui sont âgées de 15 – 49 dont la moyenne d’âge varie entre 20 à 30 ans.
En retournant dans le passé pour mieux se positionner dans le présent et le futur, l’EDS 2012 nous oriente que la totalité des femmes (100 %) et des hommes (96 %) ont déclaré avoir entendu parler de l’excision. Environ les trois quarts des femmes (76 %) pensent que la pratique de l’excision devrait être maintenue. Et, en 2018 l’EDS a montré que 95 % des femmes âgées de 15-49 ans ont été excisées.
Pour ne pas nous confondre parmi ces chiffres de l’EDS capital et base pour notre analyse, revenons sur ce que disent la médecine, les organisations de développements et certaines personnes sur le contre de l’excision et les avis des personnes qui sont pour l’excision.
Ceux sont contre l’excision
L’excision affecte la santé de la reproduction des filles/femmes
L’excision constitue une violation des droits humains
Ceux qui sont pour l’excision
C’est la religion qui recommande l’excision
C’est notre tradition et ça permet aux femmes d’avoir le contrôle de leur sexualité et le maintien de la domination masculine en prévenant le désir sexuel, empêcherait les expériences sexuelles prénuptiales et ensuite les relations adultérines – garantissant ainsi l’honneur de la famille et du mari.
Pour ou contre l’excision, chaque individu a son avis sur un sujet bien donné de la société. La liberté d’expression et de penser. Mais, il est judicieux d’analyser chacun de ces avis sur les données issues de l’EDS et les comportements des individus.
Analyse des argumentaires pour ou contre l’excision
Les exciseuses traditionnelles et celles du personnel médical sont les femmes qui excisent les jeunes filles dans les zones rurales ou urbaines. Il est souvent argumenté que les exciseuses traditionnelles pratiquent l’excision comme source de revenu très moins vérifié et elles méconnaissent les conséquences de l’excision sur la santé des jeunes filles/femmes. Si les exciseuses trouvent comme source de revenu la pratique de l’excision, pourquoi pas créer des activités de sources de revenu pour ces femmes afin d’abandonner la pratique ?
Par contre, les exciseuses du personnel médical connaissent les conséquences de l’excision sur la santé des jeunes filles/femmes qu’avancent comme argumentaires les organisations de défense des droits de l’homme et certaines personnes dans la lutte contre l’excision. Si le personnel médical s’adonne à cette pratique, quelle force donne-t-elle aux arguments de la médecine sur les conséquences de l’Excision ?
Au niveau des filles/femmes, l’âge moyen des jeunes filles qui se font excisées est de 20 à 30 ans. Quelques-uns demanderaient pour l’âge ? La raison de se fonder sur l’âge est très important afin de nous orienter sur la décision de se faire exciser ou pas. L’EDS nous a montré que 100 des personnes interrogées sont d’accord pour l’excision. Mais, la décision de pratiquer ou non est cruciale. D’une manière générale dans le monde, l’âge de la majorité d’une fille de prendre des décisions sur son propre corps est à partir de 18 ans. De ce fait, les filles âgées de 20 à 30 ans ont le droit de dire non à l’excision. Mais, pourquoi 95% d’elles se font exciser ? Là, il y a un problème.
L’excision considérée comme pratique dangereuse, cela pourrait nécessiter la poursuite devant les cours et tribunaux des jeunes filles qui vont s’exciser volontairement. Dans cette démarche, on peut se buter à d’autres instruments juridiques qui donnent le droit aux filles de jouir de leur propre corps sur le ton « mon corps m’appartient ». Aller à l’encontre du droit des jeunes filles de disposer de leur corps est une violation des droits humains. Que faut-il faire entre laisser une fille disposer de son propre corps en pratiquant l’excision ou poursuivre en justice une jeune fille qui viol la loi sur l’excision ?
Vrai ou faux, les argumentaires disant que c’est la religion qui recommande n’est pas vérifiable dans la mesure où aucun verset biblique ou sourate du coran ne recommande de pratiquer l’excision. L’excision est notre tradition, pratiquer par les depuis les temps anciens ça permet aux femmes d’avoir le contrôle de leur sexualité et le maintien de la domination masculine en prévenant le désir sexuel.
Sans tabou, il est dit que c’est le clitoris qui est la partie provoquant le désir sexuel chez la femme et permet à l’homme d’envoyer sa compagne ou sa femme au 18e ciel (orgasme). À un moment, il faut se dire la vérité, si cet organe n’existe pas comme la femme peut être satisfaite par son mari et avoir un contrôle sur sa sexualité. Je dirai que cela créé un désordre et amène la femme à avoir plusieurs partenaires pour entretenir plus de relation sexuelle pour arriver au 18e ciel (orgasme).
Dire que c’est la tradition, je dirai à toutes les personnes qui dorment sur les matelas de ne plus les utiliser, car nos parents ne dormaient sur des matelas. Porter une robe blanche et célébrer le mariage à la mairie n’est pas notre tradition. Manger avec la cuillère n’est pas notre tradition. Pourtant, ce sont des pratiques que nous faisons sans gêne parque nous avons trouvé positif.
Pourquoi l’esclavage a disparu ? C’est parce qu’il était une tradition mauvaise connu dans toutes les cultures. Si l’excision de ne permet pas aux jeunes filles/femmes d’avoir une santé correcte, c’est mieux de l’abandonner comme les autres traditions que nous avons abandonnées.
L’excision reste un véritable problème malgré les efforts du gouvernement, de la société civile et des partenaires au développement, la pratique de l’excision est en train de migrer de la campagne vers la ville et sous la forme médicalisée. Selon les chiffres issus des enquêtes EDS Conakry (la capital où le taux d’instruction est très élevé et les populations ont facilement accès aux informations) la prévalence de femmes excisées est très élevée (96 %).
Alors, Que faut-il faire face à cette problématique ? Médicalisée l’excision ou entreprendre des actions de poursuite judiciaire contre les filles de 18 à 30 ans qui vont se faire excisées ?
Cécé Honomo
Infographiste & Bloggeur & Expert en Droit des Affaires
E-mail: cecehonomou@gmail.com