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Fonds dédiés aux anciennes gloires : Et pourtant, Bantama Sow n’a pas tort…

En Guinée, certains faits sont souvent mal compris ; Parfois parce que mal expliqués ou tout simplement à cause de la mauvaise foi de certains. La récente sortie du Ministre des Sports pour expliquer les critères qui ont prévalu à la répartition du fonds dédié aux anciennes gloires du pays a suscité de nombreuses réactions ; Notamment dans le milieu du football guinéen.

Tout d’abord, il faut rappeler que ce fonds a été mis en place sur initiative personnelle du Ministre Sanoussi Bantama Sow. Son souci majeur était de réparer un tort que l’Etat guinéen a fait à certaines icônes, aussi bien dans le monde du football que celui de la culture. Ce n’est un secret pour personne. L’Etat guinéen a toujours été reproché d’un manque de reconnaissance envers ceux qui ont servi avec loyauté et abnégation la patrie. La liste est longue mais on pourrait cependant citer quelques uns. Il s’agit entre autres de l’ensemble instrumental, du club mythique et emblématique du Hafia 77 ou encore le Bembeya Jazz national. Les hommes et les femmes qui composaient ces différentes entités ont tout donné à leur pays. Sans qu’il n’y ait forcément un retour à l’ascenseur.

C’est donc dans l’optique de réparer ce tort que le Ministre Bantama Sow a bataillé pour obtenir auprès de l’Etat un fonds dédié aux anciennes gloires.

Quoi de plus normal que certains anciens sociétaires du Syli National sollicitent leur intégration sur la short list des ayants droits de ce fonds ? Titi Camara, l’ancien capitaine du onze national guinéen en a d’ailleurs fait son cheval de bataille. Mais de l’avis de plusieurs observateurs, c’est l’hôpital qui se moque de la charité lorsque Titi Camara fait certains reproches à Bantama Sow. L’on se pose souvent la question de savoir pourquoi l’ancien sociétaire de l’Olympique de Marseille n’avait pas fait une telle proposition lorsqu’il occupait le prestigieux poste de Ministre des Sports ? Pour ceux qui l’ont peut-être oublié, Aboubacar Titi Camara a été le premier Chef du Département des Sports sous le régime d’Alpha Condé. Dès son arrivée au pouvoir en 2010, le champion du « Rassemblement du Peuple de Guinée » a cru bon de confier le Département des Sports à l’ancien capitaine du Syli national. Ceux qui étaient aux côtés de l’actuel locataire du Palais Sékoutoureya en 2010 le savent. Tous sont unanimes. Alpha Condé avait donné « carte blanche » à Titi pour reformer le secteur des sports. Il était censé travailler avec certains de ses anciens coéquipiers du Syli national. Souleymane Oularé et Jean Louis qui avaient fini par quitter Titi qui semblait vouloir tout gérer. La suite, on la connaît…

Pour revenir à la réclamation de certains, il faut dire qu’il y a une nuance à ce niveau. Quelque soit la mauvaise foi qu’on pourrait avoir, il serait prétentieux de comparer Titi Camara à Petit Sory le premier ballon d’or africain. Mieux, il faut dire que le Hafia avait cette particularité d’être un club où les joueurs étaient considérés comme des « fonctionnaires ». Les plus anciens le savent. Malgré leurs nombreux exploits, les sociétaires du Hafia 77 étaient mal payés. L’Etat leur accordait très peu de privilèges. Combien parmi eux sont morts sans pouvoir offrir une maison à leur famille ? Combien parmi les coéquipiers de Chérif Souleymane ont trépassé sans que la Nation guinéenne qu’ils ont servi avec amour ne leur rende la petite monnaie ?

En parlant de patriotisme et d’engagement réel pour son pays, Titi Camara n’est pas forcément le bon exemple. Certains l’ont peut-être oublié mais d’autres gardent encore ces souvenirs en tête. Titi Camara a plusieurs fois posé des conditions pour jouer pour son pays. L’exemple parfait est lorsqu’il avait exigé la prise en charge de son assurance dont la facture était très salée par l’Etat guinéen avant de fouler la pelouse et jouer pour sa Nation. Mieux, tous les joueurs du Syli national qui s’agitent aujourd’hui ont tous été bien entretenus durant leur carrière footballistique. Des primes qui dépassent parfois l’entendement, des billets d’avion en première classe, des logements dans des hôtels de luxe. Tout ça aux frais du contribuable guinéen. Doit-on comparer ces joueurs aux anciens membres de l’ensemble instrumental de Guinée dont les recettes étaient directement versées au Trésor public ? En Guinée, la pyramide est souvent renversée ! Et Bantama paye certainement le prix de son engagement pour la réparation d’une injustice qui n’a que trop duré.

Que certains se servent de cette occasion pour régler des comptes, tant mieux ! Mais de grâce, rendons à César ce qui appartient à César. Bantama Sow a engagé le Département des Sports dans de nombreuses reformes. Du paiement des primes des joueurs à la prise en charge intégrale des frais de déplacement des différentes fédérations, « Petit Sow » en a fait une priorité. Depuis son arrivée à la tête du Département des Sports, aucune équipe d’une quelconque discipline n’a manqué à une compétition faute de prise en charge.

Dans cette affaire, malgré leur différence de poids, Titi Camara et Bantama Sow ne boxent pas dans le même ring. Que ceux veulent également régler des comptes à cause de leur échec dans la conquête de la Présidence de la Fédération Guinéenne de Football sachent également raison garder.

Et comme l’a dit Platon « Le plus grand mal, à part l’injustice, serait que l’auteur de l’injustice ne paie pas la peine de sa faute ».

Ansoumane Camara

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