Le verdict est tombé vendredi dans ce grand procès pour corruption internationale sur fond de contrats miniers en Guinée. Le célèbre diamantaire franco israélien et ses deux acolytes sont reconnus coupables de corruption d’agents publics étrangers.
La décision du Tribunal correctionnel était très attendue dans ce dossier âprement disputé. Une première en matière de corruption internationale pour la justice genevoise. Beny Steinmetz, célèbre diamantaire franco israélien de 64 ans, est reconnu coupable et condamné à 5 ans de prison. Frédéric C., l’apporteur d’affaires français bien implanté en Afrique, se voit infliger une peine de 3 ans et demi. Quant à Sandra M., l’administratrice belge omniprésente des sociétés du groupe, elle écope de 2 ans avec sursis.
Dans sa décision, rendue ce vendredi, le Tribunal se déclare compétent pour juger cette affaire, la place financière suisse ayant été utilisée pour monter une structure opaque, pour effectuer certains versements ou pour présenter de faux documents. Il estime aussi que Mamadie Touré doit bien être considérée comme la quatrième épouse de feu président Lansana Conté. L’argent dont elle a bénéficié était le fruit d’un pacte de corruption conclu avec le chef de l’Etat pour évincer un concurrent et obtenir des permis d’exploitation au Simandou.
Quant à Beny Steinmetz, son statut de «big boss» est souligné par le verdict. «Il occupe une position de dirigeant effectif au sein du groupe» et a activement participé à ce processus corruptif, même s’il n’était pas au courant de tous les détails. «C’est à lui qu’a profité le crime», relève encore le tribunal tout en prononçant une créance compensatrice de 50 millions de francs à l’encontre de l’ex-milliardaire.
Arguments balayés
Poursuivis depuis 2013, jugés depuis le 11 janvier dernier, Beny Steinmetz et ses deux coaccusés plaidaient leur acquittement. Le magnat des mines, défendu par Mes Marc Bonnant, Camille Haab et Daniel Kinzer, contestait tout: le fait de diriger le groupe qui porte son nom et de savoir ce qui s’y trame, le versement de quelque 10 millions de dollars de pots-de-vin au président guinéen Lansana Conté ou à sa quatrième épouse pour s’emparer d’un gisement de fer très prometteur, l’incitation à fabriquer et à produire de faux documents pour justifier des opérations bancaires, la compétence de la justice genevoise dans cette affaire ou encore la validité, voire la crédibilité des témoignages de ceux qui n’ont pas été inquiétés ici et qui le mettent en cause.
De son côté, le Ministère public estimait que cette affaire est un cas d’école et qu’un acquittement dans un tel dossier serait synonyme de véritable mode d’emploi pour corrompre sans souci. Aux yeux du premier procureur Yves Bertossa, Beny Steinmetz méritait 5 ans de prison pour avoir déployé une énergie criminelle intense avec l’argent comme seule motivation. Et pour que ces manœuvres ne paient pas, il réclamait aussi à son encontre une créance compensatrice de 50 millions de francs. Il avait enfin requis une peine de 4 ans contre le baroudeur de l’import-export et de 2 ans avec sursis contre l’administratrice.
Avec letemps.ch