Connu pour ses talents de fin négociateur, son sens d’écoute et son humilité, le Ministre d’Etat, Conseiller Personnel du Président de la République, Ministre de l’industrie et des PME, Tibou KAMARA, a pris récemment son bâton de pèlerin afin de tenter de rapprocher les principaux acteurs de la crise qui secoue l’éducation nationale depuis plus de trois mois.
Mais, à la dernière minute, au moment où le peuple de Guinée s’attendait à un dénouement heureux de la dite crise, les choses ont foiré à cause d’un seul point d’achoppement. Il s’agit de l’usage des fonds qui seraient économisés à la suite du recensement des enseignants après avoir écarté les fictifs.
-Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette médiation dirigée par le Ministre d’ Etat, Tibou KAMARA ?
-Comment peut-on s’y prendre pour sortir, une fois pour toute de cette crise qui n’a fait que trop durer ?
En effet, loin d’être un échec, cette médiation du Ministre d’Etat, Tibou KAMARA, est plutôt une réussite. A partir de là, un certain nombre de leçons très sensées peut être tiré à savoir :
1-La revendication salariale du SLECG (8.000.000 GNF comme salaire de base) est irréaliste, non tenable par le gouvernement à court et moyen terme ;
2-L’existence d’enseignants fictifs toujours dénoncée par des observateurs bien avertis est une réalité ;
3-Il y a une nécessité imminente d’assainir le fichier du personnel enseignant ;
4-De fortes sommes d’argent sont, chaque mois, débloquées pour payer des milliers d’enseignants fictifs ; des montants qui se retrouvent dans les poches de certains cadres véreux de l’administration publique ;
5-Les éventuelles sommes d’argent qui seraient récupérées à la suite du recensement ne peuvent servir qu’à améliorer les primes et non à définir un salaire de base quelconque.
A présent, la question reste de savoir : comment peut-on s’y prendre pour sortir de cette impasse ?
A ce titre, je reste convaincu, à l’instar des autres membres de l’observatoire citoyen du système éducatif guinéen (OCSEG) qu’il est imminent et prépondérant de mettre en place ”un comité de crise ” élargi à la société civile, au Médiateur de la République, au Conseil Économique et Social et aux partenaires techniques et financiers ainsi que l’Internationale de l’Education .
Ce comité aura désormais quatre principales missions à savoir :
-L’analyse approfondie et objective de la revendication du SLECG et de la position du gouvernement ;
-La proposition de solutions idoines de sortie de crise dans l’intérêt supérieur de la nation ;
-Le recensement du personnel enseignant sous la conduite d’un cabinet de grande expertise ;
-Le suivi du protocole d’accord qui sera signé pour son application stricte.
A noter que le travail du comité de crise pourrait durer au moins cinq mois. Pendant ce temps, les enseignants devraient accepter de reprendre les cours afin d’éviter une année blanche.
Le gouvernement, à son tour, devrait dégeler les salaires des enseignants grévistes et arrêter toute forme de menace.
A noter, en fin, que le comité de crise doit être mis en place par le Président de la république de façon officielle afin de garantir son autonomie.
Aboubacar Mandela CAMARA
Sociologue/Enseignant-Chercheur/Consultant en éducation
Activiste, Promoteur et Défenseur du droit à l’éducation