A la veille de l’expiration de l’Etat d’urgence sanitaire, de plus en plus de voix s’élèvent parmi les imams pour réclamer la réouverture des mosquées. Évidemment, c’est le droit de chacun en fonction de sa vision et de son analyse de la situation, de formuler ses propres vœux.
En ce qui me concerne, la réouverture doit attendre, le temps que les structures sanitaires chargées de la riposte disposent d’un maximum de contrôle de la situation. Ce qui est loin d’être le cas à date.
Deux arguments sont le plus couramment avancés par les tenants de la réouverture : Dieu prodiguera sa miséricorde, et cela contribuera à combattre la maladie ; Les marchés accueillent plus monde et pour plus de temps que les gens y passent; par rapport aux mosquées. Dès lors, la fermeture de ces dernières ne se justifie pas.
Venant d’un imam, ces arguments sont autant curieux qu’incompréhensibles pour les raisons suivantes. S’agissant du premier argument, il est à savoir que la miséricorde de Dieu n’est pas confinée dans un espace donné, fut-il une mosquée. La miséricorde s’obtient en tout lieu dépendamment de son état de salubrité et de la pureté du cœur de celui qui la requiert.
La terre entière est appropriée au musulman comme lieu de culte ; indique un hadith du Saint Prophète (PSL). Un autre hadith nous recommande de ne pas transformer nos demeures en cimetière. Ce qui est une invitation implicite à adorer le Seigneur aussi bien dans nos maisons que dans les mosquées.
Quant au deuxième argument, il est inapproprié pour un imam de comparer les mosquées aux marchés. Les raisons en sont qu’au plan spirituel, un hadith qudsi indique que sur la terre, le lieu le plus aimé de Dieu est la mosquée; et celui le plus réprouvé est le marché. Cela en raison de l’antinomie des pratiques qui s’y déroulent. Il ne faut donc pas comparer des incomparables.
Au plan strictement rationnel, la contamination éventuelle venant d’une mosquée s’ajouterait forcément à celle du marché. Ce qui est de nature à amplifier la contamination. Et donc supprimer la source possible de contamination à partir de la mosquée réduit simplement les risques de propagation de la maladie.
Aujourd’hui encore, nous sommes en période d’incertitude dans le contrôle de la Covid-19. La prudence est de mise sur la question de la réouverture des lieux de culte.
Rappelons-nous souvent cette citation choc du Saint Coran : « Dieu ne change l’état d’un peuple (de la gêne à la prospérité, ni de la force en faiblesse) que si ses membres se changent eux- mêmes (de manière à pouvoir s’adapter à leur nouvel état) ». Sourate Al Ra’d /Verset 11.
Puisse Dieu nous en faciliter la compréhension. Amen !
Elhadj Sény Facinet SYLLA
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses