C’est sans doute avec beaucoup d’émotion et de tristesse que j’ai appris le décès prématuré de la veuve du Président Lansana Conté Madame Henriette Conté. Aussitôt la douloureuse nouvelle annoncée, une vague de souvenirs remplit ma tête. En voici quelques-uns.
Si mes souvenirs sont exacts, j’ai vu pour la première fois Henriette entre le 6 et le 10 avril 1984 à la résidence du Chef de l’Etat le Colonel Lansana Conté au camp Samory Touré de Conakry. La première impression que j’ai ressentie était celle d’une épouse bienveillante qu’une première Dame à la recherche de ses marques. Tant la simplicité dans le geste et la générosité étaient impressionnants.
Ce jour-là, elle fait fi du protocole et nous servit mes confrères et moi (une poignée de journalistes et techniciens), du jus de fruits avec une phrase inoubliable : » Je vous confie mon époux ! » comme si elle était certaine que la presse pouvait faire un homme et le défaire.
Et depuis, je l’ai revue tant de fois que je ne puis conter entre la modeste résidence du camp, les banquets d’Etat ici en Guinée ainsi qu’à l’étranger. Elle était toujours la même attentive, simple et respectueuse. Les honneurs même excessifs ne lui ont pas tourné la tête.
Je la revois à l’hôtel de Crillon au cœur de Paris, à la suite de son mari président en visite d’Etat. Elle même servait le repas jusqu’à la garde rapprochée. Une fois au Palais de l’Elysée, lors du déjeuner officiel, François Mitterrand n’hésita pas à dire toute son admiration pour la première Dame de Guinée.
Je la revois également à Washington, à New York, à Pittsburg et à Atlanta en compagnie de son mari. Partout, les appréciations des dirigeants visités sont élogieuses. Son sourire éclatant et ses paroles chaleureuses ne laissent guère indifférent.
Ici en Guinée, je me souviendrai toujours du rôle historique qu’elle joue pour apaiser les tensions, lorsque le pays était gagné par une révolte populaire à l’initiative du mouvement social. Avec l’ancien Président nigérian Babangida, elle réussit à concilier les positions des faucons du régime avec celles des rares personnalités qui prêchaient le dialogue et une sortie concertée de la crise.
Elle demanda alors aux extrémistes de tous bords de « coller la paix à son mari ». C’est alors que la nomination d’un Premier ministre chef du gouvernement choisi par les syndicats, à la tête de la contestation, fut actée.
Et le calme fait son retour grâce, en grande partie, aux efforts inlassables de celle qui se fera appeler très vite « Maman Henriette Conté ». Des prières et des bénédictions sont faites pour elle dans les lieux de culte.
La dernière fois que je l’ai revue, c’est lors des funérailles de son défunt époux. Et je garderai en mémoire la petite phrase qu’elle m’a lancée : « Yacine, nous avons perdu notre père » !
Henriette Conté s’en est allée ! Que Dieu lui accorde son paradis éternel !
Par Boubacar Yacine Diallo