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Le régime de semi-liberté s’applique à un détenu qui est déjà condamné (Me Mohamed Traoré)

La libération de Elhadj Ibrahima Cherif Bah, Mamadou Cellou Baldé, Abdoulaye Bah et Ousmane Gaoual Diallo est à saluer. Un ancien pensionnaire de la Maison Centrale a déclaré qu’il ne peut souhaiter la prison même à son pire ennemi. C’est dire combien de fois la privation de liberté est douloureuse. Des familles ont été totalement disloquées à cause la détention du père de famille. On ne peut donc que se réjouir que ces pères de famille injustement détenus aient enfin retrouvé leurs familles, même s’ils ne s’agit que d’une semi-liberté. C’est un véritable soulagement.

Mais cette mesure de placement en régime de semi-liberté pose encore une fois la question de l’indépendance de la justice. En effet, le directeur de l’Administration pénitentiaire qui aurait ordonné cette mesure n’a aucun pouvoir juridictionnel. La loi ne lui confère donc aucune attribution lui permettant de placer un détenu en liberté conditionnelle ou en semi- liberté. D’ailleurs personne n’est dupe. Cette décision est loin d’être celle de ce fonctionnaire. Il n’a ni le pouvoir ni le cran nécessaires pour prendre une telle mesure sans avoir reçu des instructions dans ce sens. On peut donc déduire qu’elle vient d’ailleurs. Comme l’a dit un avocat, c’est un autre camouflet pour la Justice.

Par ailleurs, le régime de semi-liberté s’applique à un détenu qui est déjà condamné. Tel n’est pas le cas de ces quatre détenus placés en régime de semi-liberté.

Cette situation donne une mauvaise image de la justice. Dans les pays où il existe une direction de l’Administration pénitentiaire, il est inimaginable que celle-ci puisse exercer les attributions dévolues au juge d’application des peines ( JAP). La direction de l’Administration pénitentiaire de contente de “gérer” les détenus. Le mélange de genre que la Guinée vient encore une fois de servir au monde entier ne fait qu’affaiblir davantage le prestige d’une justice dont on dit régulièrement qu’elle peine à rassurer.

Quant aux avocats de la défense, il est clair qu’ils ne se servent pas à grand-chose dans cette affaire. C’est pourquoi, ils devraient avoir le triomphe modeste si tant est qu’il y a un triomphe. Il n’y a vraiment pas à pavoiser.

Me Mohamed Traoré, ex-bâtonnier

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