Avancer avec l’intime conviction que vous ne transgressez jamais vos valeurs fondamentales même si cela ne vous arrange pas, agir de façon cohérente avec ses principes et éviter de se mentir à soi- même, trouver des solutions utiles pour améliorer la vie des gens, voilà ce que devrait être la politique mais hélas…
Les prisonniers politiques sont aujourd’hui privés de liberté parce qu’ils se sont battus pour l’instauration de l’Etat de droit, pour l’alternance démocratique et pour la défense des libertés publiques.
Faire d’eux une simple monnaie d’échange dans une transaction politique en violant les règles de la justice est une aberration et une négation du combat qu’ils ont mené jusque-là.
En réclamant un procès juste et équitable dans une tribune publique, ils ont prouvé que seul le corps peut être prisonnier, l’esprit demeure, quant à lui, libre et la conviction intacte.
Certes, nous avons pris l’habitude de regarder ailleurs ou de fermer les yeux quand notre prochain souffre, d’accabler la victime et de nous murer dans l’indifférence chaque fois que des situations injustes se présentent.
Rappelons-nous la maxime de Gandhi : « Ce qui me fait peur, ce n’est pas la méchanceté des méchants mais le silence des justes ».
Trop de crimes ont été commis par l’État guinéen depuis 1958. Trop d’injustices ont été faites par les dictatures qui se sont succédées dans notre pays. La malgouvernance nous a condamné à la misère et au sous-développement.
Les assassinats ciblés, l’emprisonnement arbitraire, l‘exil forcé ont servi de variables d’ajustement pour se maintenir au pouvoir vaille que vaille.
Le déni de justice, l’appât du gain, la recherche effrénée de l’intérêt personnel et la corruption de nombre d’acteurs de l’échiquier politique telles sont les pratiques courantes des régimes politiques successifs depuis 1958.
Et une chose est devenue évidente depuis 2010, c’est que l’homme politique Alpha Condé n’est pas celui qui va réconcilier le peuple avec ses dirigeants, encore moins celui qui va rendre justice aux milliers de victimes des dictatures successives.
Il s’est proclamé « Mandela guinéen » en profanant l’image de l’illustre héros sud-africain.
Le prétendu « opposant historique » s’est révélé être un nouveau bourreau du peuple et ravisseur de ses opposants.
Il a violé délibérément son serment sur la constitution et tous les accords que son pouvoir a conclus depuis 2010 avec l’opposition politique avec l’aval de la communauté internationale.
S’il parle aujourd’hui de dialogue, c’est tout simplement pour amener le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, à se dédire et à renoncer à sa victoire.
Si Alpha Condé est sincère et veut un vrai dialogue avec l’UFDG et l’ANAD, ainsi qu’avec les autres forces politiques du pays, il faut qu’il remplisse les cinq conditions suivantes :
1°. Respecter les accords de Juillet 2013, d’Août 2015 et d’Octobre 2016. 2°. Libérer sans délai et sans conditions tous les prisonniers politiques;
3°. Installer la haute cour de justice pour finir avec l’impunité des gouvernant;
4°. Permettre la liberté de circulation et de voyage à tous les opposants 5°. Mettre fin à l’état de siège des bureaux et du siège de l’UFDG.
S’il remplit ces conditions préalables, alors il aura montré à l’opinion publique nationale et internationale qu’il est prêt au dialogue et la balle sera dans le camp de Cellou Dalein Diallo et de toutes les forces vives de la nation.
Thiam Mamadou