Ce mardi 15 décembre 2020, au cours d’une cérémonie qui s’annonce sous les meilleurs auspices, le Professeur Alpha Condé sera investi solennellement comme premier Président de la IV ème République, à peine portée sur les fonts baptismaux.
Au-delà du rituel républicain habituel et bien rodé, ce sera aussi une nouvelle page d’histoire pour un homme et un pays qui viennent de loin. Pour en arriver là, il aura fallu franchir d’innombrables obstacles à l’intérieur et subir une vague d’hostilités à l’extérieur. Bref, il a fallu conjurer le mauvais sort et croire en la Providence.
Jusqu’à preuve du contraire, en regardant dans le rétroviseur la succession des événements lointains et récents, il apparaît que le Professeur Alpha Condé est un politique redoutable qui se laisse guider par son instinct et ne recule pas devant les difficultés jalonnant la voie du succès. Ceux qui en doutaient encore s’en rendent compte après les dernières élections annoncées comme les plus périlleuses de l’histoire politique récente et tumultueuses du pays.
Le chemin a été long et parsemé d’embûches et le pari était loin d’être gagné, avec une opposition plus déterminée que jamais à obtenir l’alternance comme une panacée.
Comme à son habitude et tout au long de son parcours personnel, hors du commun, le Professeur Alpha Condé a tenu bon, convaincu qu’il est, comme toujours, que la politique est une question de rapport de forces, qu’en démocratie, seul le peuple décide de son choix et du destin de tous les prétendants au pouvoir. Pour lui, seule compte la Guinée, seuls les Guinéens ont le pouvoir d’élire leurs dirigeants et de décider de ce qu’ils veulent ou ne voudraient pas. En clair et en démocratie, vérité en deçà de la Guinée, vérité au-delà aussi, il y a ce que chacun veut et il y a ce que le peuple décide, et pour les croyants, il y a aussi ce que Dieu réserve à tous.
Tant qu’il est en phase avec son peuple et la majorité des Guinéens, marqués par ses années tempétueuses d’oppositions et fascinés aussi par sa présidence stoïque, l’ex-président de la FEANF reste droit dans ses bottes. Aujourd’hui, après les doutes et les interrogations suscités par des échéances électorales inédites, le Professeur Alpha Condé peut se dire comblé au terme d’une mission bien accomplie et d’un défi historique relevé, contre toute attente et malgré l’adversité d’imprécateurs nombreux et obstinés.
Le Président Sékou Touré a fait le pari risqué d’une indépendance matinale jugée inopportune par certains ; le Professeur Alpha Condé quant à lui, dans un monde unipolaire où le droit d’ingérence est au cœur des relations internationales, milite ouvertement pour la souveraineté des États et le droit à l’auto-détermination des peuples. Un combat qui semblait sans issue, avant d’être une aspiration partagée dans une Afrique déterminée à s’assumer, plutôt qu’à subir le dictat venu d’ailleurs ou d’être l’éternel théâtre des luttes d’hégémonie interminables de puissances étrangères nostalgiques. Autres temps, autres générations politiques, autres mœurs !
Qu’en est-il de sa Guinée natale, à laquelle il a décidé de tout donner après avoir tout sacrifié à en faire un pays de droits et de libertés inaliénables ?
Il a encore la même ambition, malgré l’injustice de l’histoire et le sentiment intime d’être souvent incompris : unir et mobiliser les Guinéens pour changer le cours de leur histoire et de leur vie. Depuis sa première élection jusqu’à sa récente réélection, l’homme se dit “ouvert au dialogue et disponible à travailler avec tous les Guinéens“. Un engagement qui butte sans cesse contre les clivages dans la société et la cohabitation difficile entre un pouvoir prudent face à toutes les menaces et une opposition méfiante, à cause de ses peurs et de ses blessures profondes.
En tout cas, l’élection présidentielle du 18 octobre dernier est derrière nous et l’horizon reste ouvert à tous. S’il n’y a qu’un fauteuil de Président de la République, d’autres opportunités de servir le pays sont offertes à tous les acteurs de la vie nationale. Ce sera toujours un président à la fois, et tous pour servir le pays avec lui dans un effort partagé, dans une diversité politique et sociale assumée et inévitable.
Pour son nouveau mandat, cette volonté d’unité de la Guinée et de solidarité entre tous ses enfants voués au même destin, anime encore le Professeur Alpha Condé qui, malgré tout, ne croit qu’en celui qui croit en lui, est prêt à travailler avec qui veut aller à la paix avec lui et veut surtout le rayonnement de la Guinée. Il s’accommode de tous les compromis qui prennent en compte la reconnaissance des institutions et la légitimité des interlocuteurs en face exerçant le pouvoir. Dans ses rangs, parmi ses partisans et ses alliés, l’ouverture politique demeure une équation difficile, susceptible de diviser et opposer, qui ne peut être surmontée par le président que si, en retour, il bénéficie d’une trêve politique et sociale pour gouverner tranquillement : donner pour recevoir.
Aussi, l’opposition a-t-elle une responsabilité dans l’effort d’apaisement dont l’initiative peut venir du pouvoir certes, mais avec le clin d’œil d’une opposition bienveillante qui doit montrer une prédisposition à aller au dialogue, et une bonne volonté à parvenir à une paix des braves. On ne fait pas la guerre seul, la paix se construit ensemble.
Ensemble, pour une nouvelle Guinée dans le nouveau mandat de la IV ème République inaugurée par le professeur Alpha Condé qui, en continuant à faire l’histoire, veut préparer l’avenir avec tous, pour tous et pour le meilleur.
Tibou Kamara