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Procès en destitution: Donald Trump acquitté par le Sénat américain

L’ex-président américain Donald Trump a été acquitté samedi par le Sénat américain qui le jugeait pour « incitation à l’insurrection » à la suite des violences au Capitole le 6 janvier.

Cinquante-sept sénateurs ont voté pour un verdict de culpabilité et 43 contre. La majorité des deux-tiers nécessaire à la condamnation n’a donc pas été atteinte. Acquitté, l’ex-président a promis de « continuer à défendre la grandeur de l’Amérique ».

« Notre mouvement magnifique, historique et patriotique, Make America Great Again, ne fait que commencer », a réagi Donald Trump dans un communiqué, se posant une nouvelle fois en victime d’une « chasse aux sorcières ». « Dans les mois à venir, j’aurai beaucoup de choses à partager avec vous et suis impatient de continuer notre incroyable aventure pour la grandeur de l’Amérique », a-t-il ajouté.

Ce deuxième procès en destitution de Donald Trump s’achève donc par un second acquittement. Entamé le 9 février, il aura duré cinq jours, un cas unique dans l’histoire des États-Unis. « Il est temps de boucler cette mascarade politique, a tonné l’un des avocats du 45e président des États-Unis, Michael van der Veen. Peu importe le volume absolument terrible d’images des émeutiers que nous puissions voir, et le niveau d’émotion injecté dans ce procès, cela ne change pas le fait que M. Trump est innocent des chefs présentés contre lui. Estimer, en se basant sur les indices que vous avez vus, que M. Trump voulait réellement, et de fait a délibérément susciter une insurrection armée pour renverser le gouvernement américain serait absurde ».

« Incitateur en chef »

Derrière cette accusation, il y a surtout la peur des démocrates de voir Donald Trump réélu en 2024, a-t-il accusé. Les démocrates voulaient voir voir Donald Trump reconnu coupable d’« incitation à l’insurrection », puis le rendre ensuite inéligible dans un nouveau vote. Pour eux, il est le responsable principal des événements du 6 janvier, lorsqu’une foule de ses partisans en colère avait envahi le Capitole au moment où le Congrès américain s’apprêtait à confirmer sa défaite à l’élection du 3 novembre face au démocrate Joe Biden. Cinq personnes avaient perdu la vie lors de ces violences. « Il est désormais évident, sans l’ombre d’un doute, que Trump a soutenu les actes de la foule hargneuse et il doit donc être condamné. C’est aussi simple que cela », avait lancé Jamie Raskin, le chef des procureurs démocrates, pendant leur dernier réquisitoire prononcé ce samedi 13 février devant le Sénat.

Les démocrates ont, depuis le début du procès, accusé Donald Trump d’avoir renoncé à son rôle de « commandant-en-chef » pour revêtir des habits d’« incitateur-en-chef ». Selon eux, il a attisé la hargne de ses partisans pendant des mois en se présentant comme la victime d’une élection volée suite à des fraudes dont il n’a jamais apporté la preuve. Et le 6 janvier, au moment où les élus du Congrès certifiaient la victoire de Joe Biden, il a allumé la mèche en leur lançant : « Battez-vous comme des diables ».

Schumer : Un vote d’infamie dans l’histoire du Sénat américain

Très discret jusqu’ici, l’influent chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, avait fait savoir peu avant l’ouverture de la séance ce 13 février qu’il voterait l’acquittement de Donald Trump. Une « décision difficile », selon lui, qui a sans doute scellé le résultat du vote final.

Mais après le vote, dans une de ces volte-face dont il a le secret, il se lance dans une violente charge contre l’ancien président. Il a affirmé que Donald Trump était bien « responsable » des violences du 6 janvier mais que le Sénat n’avait pas la compétence pour le condamner, rapporte notre correspondante à WashingtonAnne Corpet.

« Il n’y aucun doute, aucun. Le président Donald Trump est dans les faits et moralement responsable d’avoir provoqué les événements du 6 janvier. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Les gens qui ont fait irruption dans ce bâtiment croyaient agir selon les souhaits et les instructions de leur président. Et cette croyance était la conséquence prévisible du crescendo croissant de fausses déclarations, des théories conspirationnistes et des hyperboles imprudentes que le président défait n’a cessé de crier dans le plus grand mégaphone de la planète. »

Il suggère même que l’ancien président pourrait être poursuivi devant la justice civile. « Le président est toujours responsable de tout ce qu’il a fait pendant qu’il était en fonction, en tant que citoyen ordinaire. A moins que la prescription n’ait expiré, il toujours responsable de ce qu’il a fait pendant qu’il était en fonction. Il ne s’en est pas encore tiré. Nous avons un système de justice pénale dans ce pays, nous avons un contentieux civil, et les anciens présidents ne sont pas à l’abri d’être tenu responsables devant ces instances. »

De son côté, le chef de la majorité démocrate au Sénat Chuck Shumer a fustigé l’attitude des élus républicains qui ont voté pour acquitter Donald Trump : « La vaste majorité des élus républicains, y compris leur dirigeant, a voté pour acquitter l’ancien président Trump, laissant leur signature dans les colonnes de l’histoire, aux côtés de son nom, pour toujours. Le 6 janvier restera comme un jour d’infamie dans l’histoire des États-Unis d’Amérique. L’échec de la condamnation de Donald Trump restera comme un vote d’infamie dans l’histoire du Sénat américain. Dans ce procès, il ne s’agissait pas de choisir son pays plutôt que son parti. Même pas. Il s’agissait de choisir son pays plutôt que Donald Trump. Et 43 sénateurs républicains ont choisi Trump. Cela devrait être un poids sur leur conscience aujourd’hui, et cela sera un poids sur leur conscience à l’avenir. »

Dans la soirée, le nouveau président américain Joe Biden a réagi au vote des sénateurs : « Même si le vote final n’a pas abouti à une condamnation, le fond de l’accusation n’est pas contesté. Ce triste chapitre de notre histoire nous a rappelé que la démocratie est fragile. Qu’elle doit toujours être défendue. Que nous devons toujours rester vigilants ; la démocratie est fragile ».

Avec RFI

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