Dès son arrivée au pouvoir à la suite d’un scrutin non transparent et manifestement truqué, Alpha Condé s’est aussitôt attelé à cannibaliser les immenses ressources du pays à son profit au profit de son clan mafieux.
Il s’est minutieusement et délibérément occupé à détricoter les acquis démocratiques issus de la douloureuse transition politique qui a abouti à l’adoption de la constitution de 2010. Parmi les nombres leviers utilisés pour cloisonner la démocratie guinéenne à son bénéfice, nous pouvons citer entre autres, le non-respect des échéances électorales, falsification des résultats électoraux, les menaces contre la liberté d’expression et de manifestation.
Il use également de la violence d’état, de la ruse, de l’intimidation et de la corruption pour faire passer ses projets cyniques. Ces violences et arrestations des manifestants pacifiques par les forces de l’ordre acquises ont été à de nombreuses reprises dénoncées par Amnesty Internationalainsi que Human Rights Watchet les organisations nationales de défense de droits de l’homme.
Pire, la haine et la division ethnique est l’un des ressorts âprement utilisés par le pouvoir pour diviser et mater sa population quand on sait que ce genre de recettes peut s’avérer explosif très rapidement.
En outre, l’ancien opposant historique s’est attaché les services des mêmes qu’il disait combattre quand il était dans l’opposition. Sa gouvernance tangue et rime avec le favoritisme, la corruption, l’impunité et la manipulation. Les caisses de l’Etat et les décrets lui attirent le soutien du plus grand nombre de prédateurs de deniers publics.
Désormais, ce ne sont plus les initiatives nationales qui sont accompagnées par les fonds publics mais chacun suit son intérêt si bien que le réseau s’est consolidé et s’est accaparé de l’essentiel des ressources publics au détriment de l’écrasante majorité de la population.
En témoigne l’absence d’amélioration des conditions de vie des Guinéens à cause du bilan économique catastrophique engendré par les agissements nocifs de ce vaste réseau de pilleurs et d’affairistes qui gravitent autour de la présidence.
Non satisfait de ce crime contre le peuple de Guinée, ce clan d’imposteurs a entrepris contre la légalité, la morale et le bon sens de faire adopter une nouvelle constitution afin de remettre le compteur à zéro pour ouvrir la voie à un troisième mandant pour Alpha Condé.
Pour ce faire, cette mafia s’est drapée dans des arguments fallacieux pour expliquer le besoin du pays de se doter d’une nouvelle Constitution pour y inclure le développement durable et la place des femmes alors que la manœuvre ne laisse personne dupe. Il faut s’attendre dans les mois à venir à l’annonce d’une éventuelle candidature d’Alpha Condé pour les élections présidentielles prévues à la fin de cette année alors qu’il est vieux de plus de quatre-vingts ans.
Ce qui est plus grave et qui a fini par déconstruire l’état de droit ou du moins, ce qui restait encore de ce régime, c’est ce banditisme juridique qui a consisté en la falsification grossière du texte soumis au pseudo référendum du 22 mars dernier. En effet, le président de la République a promulgué le 6 avril un texte au contenu foncièrement différent du texte sur le lequel, le gouvernement prétend que le peuple de Guinée s’était prononcé à l’occasion du référendum voulu par Alpha Condé.
Cette situation inédite dans l’histoire du droit constitutionnel amène tout bon citoyen conscient et soucieux du devenir de la Guinée à s’interroger si notre pays a encore une constitution et si oui laquelle ?
Conakry, 7 Juin 2020
Me Foromo Frédéric Loua
Avocat au Barreau de Guinée / Président de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous (MDT).
Etudiant en Master Droits de l’Homme et Démocratie en Afrique à l’université de Pretoria en Afrique du Sud