Des gens s’en prennent à tort au Grand Imam de la Mosquée Fayçal. On invoque à cet égard l’action de l’Imam Mahmoud Dicko du Mali pour lui asséner des coups de plus en plus insupportables. Ces détracteurs ne savent peut – être pas que les deux Chefs religieux ne sont pas à comparer en raison d’un fait très caractéristique de notre pays par rapport au Mali, et de façon générale par rapport aux voisins de la Sous-Région. Il s’agit essentiellement du fait ethnique.
L’Imam Saliou et l’Imam Dicko évoluent dans des contextes sociopolitiques très différents. Depuis 2010 la Guinée est victime d’une violence rarement égalée dans le monde en matière d’instrumentalisation politique. Le pays est sous l’effet d’une manipulation destructrice de ses valeurs sociétales de fraternité et d’humanisme.
Sans le moindre scrupule, la gouvernance “rpégiste” exploite savamment le fait ethnique et la précarité de vie des populations, opposant celles-là les unes aux autres en vue de confisquer le pouvoir. En cette fin de deuxième mandat en particulier, l’Exécutif ne lésine sur aucun moyen, matériel comme psychologique pour institutionnaliser le système de présidence à vie dans le pays.
Je ne connais que passablement l’Imam Dicko. Je l’ai rencontré à travers la 8ème édition du SIFRA (Séminaire Interne de Formation des Responsables d’Association) de l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans de Guinée (AEEMG), forum auquel il était invité à l’Université Kofi Annan de Conakry en 2017. A cette occasion il a fait une communication remarquable sur le thème : “Notre engagement pour une forte mobilisation autour des valeurs universelles de l’islam”. J’ai personnellement eu l’honneur de modérer ladite communication.
Tout porte à croire que l’Imam Dicko est un érudit de grande valeur scientifique et de haute probité morale. Il est connu pour son plein investissement pour la cause de l’islam et la défense des droits humains au Mali et en Afrique. Cela est tout à son honneur. Il faut dire aussi qu’il bénéficie d’un environnement social plus ou moins favorable par rapport à celui de la Guinée. Lorsqu’il appelle à la mobilisation, les maliens ne s’embarrassent pas de savoir de quelle ethnie il est ou de quelle région il vient. Ils ne se préoccupent même pas de sa religion. Ils sortent pour la cause et les intérêts du peuple malien. En est-il ainsi de nous guinéens ? Certainement non !
En Guinée même ceux qui ne s’embarrassent pas de ces considérations, sont pour la plupart murés dans un attentisme handicapant. Ce n’est en effet pas les raisons de la contestation qui nous manquent ici. Nous en avons même plus que les maliens. Ce n’est pas non plus les Leaders pour gérer les manifestations qui font défaut. Ce qui fait défaut, c’est la volonté du peuple de Guinée de prendre son destin en charge, à s’enfermer dans un immobilisme ahurissant.
Sur la question Dieu indique dans le Saint Coran S 13 / V 11 : citation ” En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les individus qui le composent ne modifient pas ce qu’il y a en eux”.
L’Imam Saliou n’est ni corrompu, ni instrumentalisé par Sèkhoutouréya. Il n’a pas simplement la faveur de l’environnement social malien. Le critiquer parce qu’il ne fonctionne pas comme son homologue malien, c’est lui faire un mauvais procès. Il a toujours agi et continue d’agir sagement en fonction de sa conception de la relation Religion / Politique et aussi de la réalité sociologique de son pays. Eh bien qu’on arrête de le harceler à tort.
Que Dieu inspire les filles et fils de Guinée de la meilleure manière de prendre leur destin en charge. Aameen!
Sény Facinet Sylla
Ex. Secrétaire Général Adjoint des Affaires Religieuses