Lorsque Sidy Souleymane N’Diaye, le Procureur de Alpha Condé et non de la République, a déclaré que des acteurs politiques et des acteurs de la société civile dont moi-même étaient activement recherchés sans que nous ne sachions ce qui nous était exactement reproché, nos avocats ont de très bonne foi demandé à la Direction Centrale de la Police Judiciaire de nous adresser des convocations en bonne et due forme et nous ont conseillé de répondre à toute convocation qui nous serait adressée.
Nos défenseurs voulaient nous éviter une descente musclée des hommes de Aboubacar Fabou Camara dans nos domiciles respectifs, ou une arrestation violente dans la rue. Dans un Etat de droit où la sécurité juridique du citoyen est prise en compte, celui-ci n’a aucune crainte à avoir à faire à la justice de son pays. C’est avec cette assurance que les personnes » activement recherchées » se sont présentées à la Direction Centrale de la Police Judiciaire accompagnées de leurs avocats. Nous connaissons aujourd’hui la suite.
Ces honorables pères de familles qui croupissent aujourd’hui en prison dans des conditions exécrables. Quant à moi, j’ai compris qu’un vieux chien ne changera jamais sa façon de s’asseoir. Autrement dit, certains magistrats dont Sidy Souleymane N’Diaye auxquels j’ai eu à faire sont en mission commandée face aux acteurs de la société civile et les acteurs politiques opposés au changement de constitution et que leurs préoccupations, c’est de casser judiciairement toute opposition au régime de Alpha Condé. Il ne fallait donc pas s’attendre à une vraie justice. Je n’ai donc pas jugé prudent de répondre à une quelconque convocation de la DCPJ d’autant plus qu’il y a un antécédent entre Monsieur Aboubacar Fabou Camara, le directeur de ce service, Ibrahima Diallo et moi en raison d’une action en justice que nous avons engagée contre lui. Des mois après, les faits semblent nous donner totalement raison. Les personnes privées de liberté sont des détenus politiques, des détenus d’opinion, pire, ce sont des otages personnels de Alpha Condé. Ces détenus servent aujourd’hui pour eux comme un instrument de pression sur l’opposition. La justice n’y peut rien. D’ailleurs, la justice, c’est lui. Même le Collectif d’avocats qui nous défend s’en est aperçu aujourd’hui et a fini par jeter l’éponge.
Dans la dernière interview qu’il a accordée à son suppôt déguisé en journaliste au sein de Jeune Afrique, Alpha Condé donne une preuve supplémentaire que c’est lui qui est au début, au milieu et à la fin de toute affaire. En accusant des pères de familles respectables d’être des fauteurs de troubles et les commanditaires d’infractions dans une affaire qui n’est pas encore jugée, il viole le principe sacré de la présomption d’innocence cher à toutes les sociétés civilisées. Qui peut penser, à travers ses déclarations, que Alpha Condé est un professeur de droit comme il le prétend. Au fil du temps les démocrates se rendent à l’évidence qu’avec des magistrats téléguidés comme Sidy Souleymane NDiaye, il n’y a aucun espoir qu’une décision impartiale soit rendue dans une affaire où c’est Alpha Condé lui-même qui dicte les règles du jeu. C’est lui qui déclare les uns ou les autres coupables; c’est lui qui prononce les condamnations et c’est lui qui les exécute. Et après, il distribue des grâces à qui il veut pour faire croire à l’opinion nationale et internationale qu’il est soucieux de la paix dans son pays. Alpha Condé sait-il au moins qu’il ne sera pas éternellement dans cette situation de prise en otage par le concours des armes et que c’est quand on est au pouvoir qu’il faut renforcer l’indépendance de la justice pour ne pas être victime un jour du mauvais fonctionnement de la Justice ? Il a intérêt à méditer sur cette question avant qu’il ne soit tard…
Sékou Koundouno Responsable des stratégies et planification du FNDC /Membre Balai Citoyen/ Membre AFRIKKI