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Tripatouillage de la constitution : la justification du crime est pire que le crime

J’ai peur pour mon pays. J’ai peur non pas seulement pour l’altération qui a été opérée de la norme suprême de la République. La gouvernance guinéenne a déjà suffisamment habitué les populations à la délinquance en cette matière. Il est établi que pour elle, la vertu n’a pas droit de cité en politique.

J’ai beaucoup plus peur pour l’attitude qu’adoptent les guinéens face à la forfaiture commise. J’ai peur pour le fait que les gens soient si froids face à ce qui doit être considéré comme une agression contre la nation, et qui en principe ne devrait laisser personne indifférente, indépendamment des relatifs positionnements politiques.

En vérité, je ne trouve pas matière à contestation plus sérieuse que le crime de violation de la constitution qui vient d’être acté par le pouvoir.

Certains disent que ceux qui comme moi, ont décrié le changement constitutionnel et s’y sont opposé, ne doivent pas prendre part au débat y afférent. C’est mal connaître la loi dans son principe. ‘’Nul n’est censé ignorer la loi’’, même s’il l’ignore réellement ou y est simplement opposé. En République, une loi même scélérate est opposable à tout citoyen, volens nolens.

Je suis effrayé par les attitudes de froideur et d’indifférence, voire de légèreté adoptées par les gens face à une si cruciale affaire. Comment un ministre de la République ou un cadre sensé être considéré comme intellectuel peut-il se targuer d’arguments aussi légers du genre de ‘’l’erreur est humaine’’, ‘’versions successives amendées’’.

Comment un ministre de la République, de surcroit ministre de la justice peut-il dans un premier temps reconnaître qu’il y a erreur, promettre la vérification de la source de celle-ci pour aviser des résultats de l’enquête, revenir dire insolemment, sans scrupule qu’un texte mutilé, non voté, à force de loi fondamentale au dépens de celui qu’il a lui-même paraphé, publié au journal officiel de la République et soumis à l’adoption du peuple ?

Comment le peuple du 28 septembre 1958 peut-il accepter d’être infantilisé à ce point ? Comment les guinéens peuvent-ils accepter une telle injure ? Notre conscience est-elle inhibée au point de nous faire perdre jusqu’au sens de l’indignation ?

Où sont ceux qui disaient y croire en leur âme et conscience et votent de bonne foi pour le changement et l’émergence de la Guinée ? Aujourd’hui, ne sont-pas indignés, ne se sentent-ils pas insultés, humiliés, ont-ils la conscience vraiment tranquille ? Quelle réaction se proposent- ils ? Si c’est le silence, alors qui ne dit rien consent.

Ministres et autres soi-disant ‘’hauts cadres’’ qui continuez de narguer le peuple, sachez que vos moyens dilatoires de défense sont beaucoup trop légers pour justifier la forfaiture commise. Vous apprendrez à vos dépens que ‘’la justification du crime est pire que le crime’’. Ce temps n’est pas loin. Incha Allah.

Elhadj Sény Facinet SYLLA
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses

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